Au terme d’une réunion tenue jeudi 17 mars dernier à Yaoundé, le Comité exécutif de la Fédération camerounaise de football, contre toute attente, a décidé de la mise sur pied d’un nouveau Comité provisoire de gestion (Cpg) à la Lfpc, au grand dam du général d’armée à la retraite qui espérait être élu lors du scrutin qui n’aura finalement plus lieu en avril prochain. La non application des textes serait à l’origine de ce désaveu.

                                                                                      Tombi A Roko

 

Balle au centre ! La Fécafoot garde encore le monopole du jeu et entend rappeler à la Lfpc qui se prévaut d’une autonomie qui ressemble à s’y méprendre à de l’autoritarisme, qu’elle n’est ni plus ni moins qu’un éclatement ou mieux, un de ses démembrements. Ce message implicite porté par le président de la Fécafoot qui a eu mandat des membres de son Comité exécutif réuni en début de week-end dernier, est destiné à Pierre Semengue. Ce dernier, candidat à sa propre succession avait même déjà installé une commission électorale qui devait superviser le jeu électoral au mois d’avril prochain. Hélas ! Le général d’armée à la retraite est stoppé net dans sa course vers la reconquête de son prestigieux trône par une Fécafoot qui lui brandit l’argument des textes comme motif de cette interruption brusque. De toutes les résolutions prises lors des travaux de jeudi dernier, il faut parcourir le point numéro 5 pour s’en convaincre. « Le Comité exécutif donne mandat au président de la Fécafoot de nommer un Comité provisoire de gestion de la Ligue de football professionnel pour un mandat d’un (01) an. »

 

Statuts annulés

Les membres du Comité ont donc donné le feu vert à Tombi a Roko Sidiki pour mettre sur pied une équipe transitoire à la tête de la « maison blanche du quartier Fouda » jusqu’en mars 2017. Une résolution qui laisse présager la fin du règne de Pierre Semengue ce d’autant plus que l’élection initialement prévue pour la fin du mois d’avril prochain est par conséquent annulée, tout comme les Statuts nouvellement adoptés à la Ligue. Problème ? « La Ligue doit faire valider ses textes par l’Assemblée générale de la Fécafoot pour être adoptés. C’est la règle. De fait, ce sont les statuts adoptés en 2011 qui restent en vigueur», explique Tombi A Roko Sidiki. Pourtant, les statuts annulés permettaient au président du Cpg de la Ligue, de se présenter à l’élection, tandis que ceux de 2011 de nouveau mis en application ne le lui permettent pas. « Pour le mandat initial, le président de la Ligue est nommé par le président de la Fécafoot après concertation avec le ministre en charge des Sports pour un mandat de deux ans non renouvelable. Il lui est interdit de se présenter aux élections suivant ledit mandat », renseignent les statuts de 2011 de la Lfpc en leur article 82.

Vers un coup d’Etat à la Lfpc ?

Interrogé par le reporter du Messager sur cette décision qui a tout l’air d’un coup d’Etat à la Ligue, le patron de l’instance faîtière du football camerounais explique qu’il s’agissait de se plier aux textes et surtout éviter de céder à la précipitation dans l’euphorie de ce processus de renouvellement des organes à la Lfpc. « Nous pensons qu’il y a encore beaucoup de choses à faire et à refaire, pour mettre sur pied une Ligue de football professionnel du Cameroun fiable et vraiment professionnelle. Le Comité exécutif de la Fécafoot a décidé d’annuler les Statuts de ladite Ligue, parce qu’elle a omis de les soumettre à l’Assemblée générale souveraine de la Fécafoot. Celle-ci va se réunir lundi (aujourd’hui Ndlr). Les convocations ont déjà été envoyées avec les textes qui feront partie des points à l’ordre du jour. Mais nous avons jugé qu’il était tard, pour introduire les textes annulés de la Ligue de football professionnel. C’est pourquoi nous allons donner un an supplémentaire, pour que l’organe transitoire qui sera mis sur pied puisse avoir le temps de refaire des textes qui seront alors soumis à l’Assemblée générale de la Fécafoot en mars 2017 », détaille-t-il.

Faut-il donc en conclure que les textes qui ont été annulés étaient mauvais ? Non, loin s’en faut, rétorque le président de la Fécafoot. « Notre ambition est de bâtir quelque chose de solide. Et pour ça, nous n’avons pas besoin de courir. C’est pour cette raison qu’il nous a paru sage de nous donner encore un an. Pour le moment, nous voulons calmer le jeu vu les tensions actuelles. Ce n’est que plus tard que nous allons remettre la balle au centre », rassure-t-il. L’avenir du président de la Ligue se joue donc ce lundi à Buea. Soit il est maintenu au poste de président du Cpg qui sera nommé et installé séance tenante. Soit Pierre Semengue qui nourrit d’énormes projets pour cette instance qu’il dirige depuis 2011, sera botté en touche au profit d’un nouveau patron désigné par la fédé. Et là, le valeureux soldat ne devrait plus avoir aucune chance de revenir au front. On croise les doigts et on attend.

Christian TCHAPMI