Ragaillardi par ses multiples procès gagnés ces dernières années à la Fifa et au Tas, le patron de Chrim Management revient sur ses victoires retentissantes dans le domaine des litiges et son nouveau statut de « boss » dans le cercle très fermé des agents de joueurs.
C’est quoi Chrim Management ?
Chrim Management est une agence de management sportif spécialisée dans la gestion des carrières des footballeurs et le conseil en recrutement et structuration des clubs. Elle est dirigée par son promoteur que je suis et possède un large réseau de collaborateurs et de partenaires de par le monde. Elle est basée à Douala et à Hambourg (Allemagne). Elle a débuté ses activités depuis 2002. Elle travaille dans le strict respect des règlements de la Fifa et du Code de procédure du Tribunal arbitral du sport (Tas). En ce moment, nous travaillons à boucler des dossiers de transferts de quelques-uns des footballeurs dont nous avons la charge. Vous savez que nous sommes en pleine période de mercato, qui court jusqu’au 31 Août 2018 pour les principaux pays d’Europe, voire jusqu’au 30 Septembre 2018 dans certains autres pays du monde. D’ici là, nous espérons conclure positivement quelques transferts. D’autre part, nous avons en ce moment quelques dossiers de litiges à la Fifa pour des clubs et des joueurs sur lesquels nous travaillons afin que ceux-ci soient rétablis dans leurs droits.
En cette période de mercato d'été, c’est pratiquement la haute saison pour vous, agents de joueurs…
On peut le dire ! Nous avons des discussions très avancées avec de très bons clubs de Hongrie, Bulgarie, Israël, Tunisie, Maroc, Arabie Saoudite, Qatar, etc., non seulement pour certains de nos joueurs qui évoluent dans le championnat camerounais, mais aussi dans d’autres pays. Il faut dire que nous avons une réelle difficulté à transférer les jeunes joueurs camerounais directement du championnat camerounais vers les pays comme la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne, etc., compte tenu du pourcentage élevé de refus de visas dont nous faisons face auprès des ambassades de ces pays au Cameroun. A l’ambassade d’Espagne par exemple, on m’a fait savoir qu’ils ne donneront jamais un visa à un joueur qui y va pour un essai, par contre, ils donneront un visa à un joueur qui bénéficie déjà, à partir du Cameroun, d’un contrat avec le club qui souhaite le faire venir. C’est pourquoi, face à ce genre de difficulté, nous préférons, pour un premier temps, faire transiter nos joueurs vers des pays moins huppés certes, mais avec un bon championnat professionnel. S’ils y ont de bonnes prestations, ils seront facilement ramenés en Europe centrale.
En l'espace de quelques années, vous avez gagné plusieurs procès à la Fifa et au Tas. C’est quoi votre secret ?
Il faut justement préciser que l’une de nos activités fondamentales est la représentation et la défense des droits des footballeurs, abusivement licenciés par leurs clubs, auprès des organes juridictionnels de la Fifa et au Tas, dans la réclamation intégrale de leurs indemnités de licenciement ; ainsi que des clubs, dans la réclamation des indemnités de transfert, de formation et du mécanisme de solidarité. Nous le faisons depuis plus d’une dizaine d’années. Les footballeurs font aujourd’hui face, plus que par le passé, à des licenciements abusifs de la part de leurs clubs employeurs, pour des raisons pour le plus souvent farfelues. Dans un système où les clubs de football sont des monstres froids, les footballeurs n’ont pas toujours les armes pour se défendre ; conséquence : ils se retrouvent non seulement au chômage, mais également, sont dans l’impossibilité de se voir rétablir dans leurs droits, notamment par le versement par leur club employeur d’une indemnité de licenciement. Nous sommes aujourd’hui une alternative à ce manquement, et tenons à faire savoir à tous les footballeurs, Camerounais ou non, que nous mettons à leur disposition notre expertise qui leur permettra d’attaquer ces clubs, mauvais payeurs, en réclamation de leurs indemnités de rupture abusive de contrat, auprès des instances juridictionnels de la Fifa et/ou au Tribunal Arbitral du Sport (Tas). Effectivement, ces quatre dernières années, notamment de 2014 à 2018, nous avons conclu positivement différents dossiers à la Fifa et au Tas, et nos clients ont finalement été tous indemnisés, notamment les litiges : Patrick Ngoula / MC Alger, Ernest Nsombo / Usm Alger, Said Arafat / Student Sport Club Irak, Charles Edoa Nga / Al Orobah Fc Arabie Saoudite, Union Sportive de Douala / AL Orobah Fc Arabie Saoudite, etc. Notre expertise est mise à la disposition de tous les footballeurs et clubs du monde entier, qu’ils aient été au préalable nos clients à la base du contrat avec les clubs ou pas. Il n’y a pas de secret particulier autre que la rigueur dans le travail, la parfaite connaissance des procédures en question, le respect de l’humain et du droit.
Quels conseils donnez-vous aux jeunes footballeurs dans ce contexte marqué par le phénomène des « faux agents » qui entrave votre corps de métier ?
On ne le dira jamais assez, les joueurs doivent résolument travailler avec les agents reconnus par les instances nationales et internationales de football, notamment les fédérations nationales (la Fécafoot, pour ce qui est du Cameroun) et la Fifa. Ces agents sont les plus crédibles et à même de travailler au mieux pour que ces footballeurs aient une carrière professionnelle, sans qu’ils ne dépensent le moindre franc à la base. Si vous avez à faire à quelqu’un qui vous demande de l’argent pour vous faire miroiter une opportunité professionnelle, faites très attention, car vous allez vous faire escroquer.
Comment se porte l'Acaj dont vous êtes le secrétaire général ?
L’Association camerounaise des agents de joueurs (Acaj), dont j’assure effectivement le Secrétariat général depuis 2013, est en ce moment en hibernation du fait du désordre exacerbé qu’il existe depuis plusieurs années à la tête de notre institution fédérale qu’est la Fédération camerounaise de football. Nous attendons sereinement qu’il y ait une réelle stabilité administrative au sein de notre fédération pour décliner et appliquer notre programme d’activité sur l’étendue du territoire national. J’ai d’ailleurs eu à ce propos plusieurs séances de travail ces derniers mois, à Paris, avec le président national de notre association, M. Maxime Nana, ainsi que d’autres membres vivant en Europe, sur la stratégie a implémenter sur le terrain dans le but d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre d’acteurs du football, principalement les joueurs et leurs parents, les clubs, et autres corps de métiers, sur la connaissance de notre activité et la nécessité pour eux de travailler avec des agents crédibles et reconnus, afin d’éviter de se faire arnaquer par des vendeurs d’illusions et charlatans de tout bord.
Entretien avec C.T. (Le Messager)
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