Président omnipotent de la Confédération africaine de football depuis près de tente ans, le camerounais a été battu hier jeudi par Ahmad Ahmad lors de l’élection pour la présidence de l’instance. Agé de 57 ans, le président de la Fédération malgache a bénéficié de 34 voix contre 20 en faveur de son challenger.

 

Tremblement de terre à Addis-Abeba ! Coup de tonnerre sous le ciel de l’Ethiopie ! Révolution à la Caf ! Réunie hier à Addis-Abeba, l’assemblée générale de l’instance dirigeante du football africain a élu comme président Ahmad Ahmad. Plébiscité avec 34 voix contre 20, le Malgache réalise la surprise et succède au controversé Camerounais Issa Hayatou, en poste depuis 1988 et qui briguait un 8e mandat. Président de la Fédération malgache, mais également sénateur et anciennement ministre, Ahmad Ahmad, 57 ans, a bénéficié d’une dynamique favorable avec le soutien des 14 fédérations de la Cosafa (Conseil des fédérations d’Afrique australe). Après avoir modelé les statuts avec habileté pour écarter notamment Jacques Anouma en 2013, aboli l’âge limite pour la présidence ou encore repoussé la mise en place du nombre maximum de trois mandats autorisés, Hayatou, 70 ans, commençait à être beaucoup plus contesté.

Un souffle nouveau

Signe qui ne trompe pas, l’ex-président par intérim de la Fifa a cette fois été battu par vote à bulletin secret, alors qu’il avait régulièrement été élu par acclamation lors des derniers mandats. Visé par la justice égyptienne dans l’affaire d’abus de pouvoir suspecté lors de l’attribution des droits TV, le dirigeant était affaibli malgré un bilan économique en pleine expansion. Ses soutiens haut placés (au Nigeria, le gouvernement a ordonné à la Fédération de football de voter pour lui) n’auront pas suffi et le président de la Fifa, Gianni Infantino, semblait d’ailleurs officieusement favorable au changement. Charge désormais à Ahmad, chantre de la « transparence », de se montrer à la hauteur des espoirs suscités par cette alternance tant attendue… Le dirigeant compte notamment instaurer à nouveau un âge limite pour son poste. A la différence d’Hayatou, il se montre également ouvert à une Can à 24 et pas forcément en hiver. Mais son chantier prioritaire concernera évidemment la nouvelle répartition des places pour l’Afrique à la Coupe du monde à 48 à partir de 2026, alors que le continent table sur dix représentants.

Le rêve brisé d’une légende

Issa Hayatou, lui, raccroche les crampons après un magistère fait de lauriers et d’insuccès. L’homme qui rêvait de continuer l’aventure proposait pour les 4 prochaines années, s’il était élu, une augmentation du « contrat avec l’Afrique », le programme d’aide aux associations membres. En outre, Hayatou promettait mettre en œuvre des réformes des compétitions jeunes et des compétitions interclubs ; sans oublier l’accroissement des primes reversées dans els compétitions Caf. Dernier point essentiel du programme du président sortant, la construction d’un nouveau centre d’excellence de la Caf à Addis-Abeba en Ethiopie. Il n’aura pas malheureusement l’occasion de parachever un magistère qui ne lui a pas apporté que gloire et honneurs. Car pour beaucoup, on aurait aimé qu’il sorte par la grande porte en refusant de briguer un autre mandat et se faire « humilier » de la sorte. Hélas ! Il n’a pas vu venir l’ouragan qui l’a finalement emporté.

C.T.