Le Président de l’Assemblée nationale a fustigé les actes perpétré au cours des manifestations qui ont secoué la capitale régionale du Nord-ouest.

Il le voulait ferme et sans concession : « je dénonce avec la dernière énergie, toute velléité de partition du Cameroun ». Et de rajouter : « je dénonce et condamne avec la même énergie des actes odieux tels celui de la mise à feu du drapeau de la République ». Dans un hémicycle aux deux quarts vide, et en l’absence de plus de la moitié du gouvernement, dont le Premier ministre, le coup de menton du « très honorable » Cavaye Yéguié Djibril a reçu les applaudissements des députés du Rdpc, le parti au pouvoir. Pour la 24ième année consécutive, le député Rdpc du Mayo Sava (Région de l’Extrême-nord) prononçait son discours de clôture de la session parlementaire dédiée au vote de la loi des finances. C’était vendredi 09 décembre à l’Assemblée nationale. Cavaye Yéguié Djibril, est revenu sur la fronde sociale qui secoue les deux régions anglophones du pays, et notamment les émeutes de la veille à Bamenda.

 

« Revendiquons, manifestons, mais ne brûlons pas les symboles de l’Etat », a exhorté le Président de l’Assemblée nationale (Pan), en référence aux manifestants qui ont publiquement brulé le drapeau camerounais. « Ceci est antipatriotique. Ceci est un acte digne de l’homme des cavernes », s’est-il osé de comparer, avant de menacer : « un acte répréhensible au regard de la gravité, il doit être sévèrement puni. Nul n’est au-dessus de la République ». Applaudissements.

Elus dans la rue

Sur un ton plus conciliant, le Pan a appelé à « l’impérieux devoir de préserver les symboles de la République », au lieu de « détruire ». « Les Camerounaises et les Camerounais, anglophones, francophones, musulmans, chrétiens, du nord au sud, de l’Est à l’Ouest, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, aspirent tous à vivre dans la paix, la tolérance et la concorde », a-t-il fait remarqué. Non sans préciser que« nul besoin de distraire ou de susciter la dispersion de leurs énergies ».

Avant cela, du haut de son perchoir, Cavaye Yéguié Djibril s’en est pris aux députés de l’opposition qui ont marqué leur soutien aux revendications des régions anglophones, en marchant, sanglés de leur écharpe, dans les rues de Bamenda. « C’est le lieu pour moi de dire aux membres du parlement en particulier, de ne point se tromper de cadre d’action et de ne pas oublier les exigences de leur statut », a annoncé le Pan. Pour le « très honorable président », « l’écharpe tricolore que [nous] arborons, est un attribut de solennité qui nous confères l’honorabilité et l’immunité dont nous sommes investis. Elle est le symbole du mandat à nous confié par peuple. Elle est en fin, le signe distinctif qui matérialise notre appartenance au pouvoir d’Etat : le pouvoir législatif. Cette écharpe ne doit pas âtre trainée dans la rue. Elle doit être respectée et protégée ». Les élus Rdpc en transe, applaudissent à tout rompre.

Pour le reste, le Pan a rappelé le caractère « un et indivisible » de  la République du Cameroun tel que sacralisé dans la « loi fondamentale ». Le discours de clôture a été aussi l’occasion de faire le bilan de la session, au cours de laquelle le budget 2017 de l’Etat a été voté, mais aussi six autres projets de loi qui seront soumis à la signature du président de la République, soit pour promulgation, soit pour ratification.  Le bilan du Pan a cependant fait l’impasse sur la Coupe d’Afrique des nations, version féminine qui s’est achevée quelques jours plut tôt,  sur un satisfecit de la Confédération africaine de football (Caf), mais aussi qui a vu les Lionnes indomptables sur la seconde marche du podium. On se souvient pourtant que lors de la session précédente,  Cavaye Yéguié Djibril avait longuement rappelé les enjeux de l’organisation de cette compétition par le Cameroun, soulignant de façon sibylline au Premier ministre, président du comité d’organisation, qu’il serait tenu pour responsable en cas d’échec. Les évènements de Bamenda semblent avoir eu un effet amnésique.

D.R.E.