Une dizaine de facteurs réduisent les marges de manœuvre budgétaire du gouvernement pour la mise en œuvre de la politique publique adossée sur le Dsce.

C’est un tournant décisif dans l’élaboration du budget de l’Etat 2017. Pour la mise en œuvre du nouveau portefeuille de programmes du gouvernement, le ministère des Finances organise depuis jeudi à Yaoundé, un séminaire de lancement de la préparation dudit budget. L’objectif étant de présenter aux responsables techniques des administrations sectorielles concernées par la préparation du budget, les divers défis, innovations et contraintes dans l’environnement réglementaire et socioéconomique national. Il s’agit aussi de fournir à ces responsables les outils nécessaires à la préparation efficace des budgets de leurs administrations. Car, à l’observation de certaines pesanteurs et à l’analyse des faits, la préparation du budget de l’Etat en 2017 fait face à un certain nombre de contraintes.

 

Il s’agit de la lutte contre la secte « Boko Haram » et l’insécurité aux frontières notamment avec la Rca, qui induisent des dépenses de sécurité de plus en plus importantes et imprévisibles ; le maintien à la baisse des cours mondiaux des matières premières notamment du baril de pétrole, qui contraint les recettes propres de l’Etat ; la poursuite de mise en œuvre du Plan d’urgence triennal ; la mise en œuvre du Plan d’urgence spécial jeune annoncé par le chef de l’Etat ; l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations de 2019 ; la poursuite de la mise en œuvre des grands projets structurants ; l’augmentation des charges de la dette de l’Etat en raison de son accroissement ces dernières années ; l’arrivée de nouveaux acteurs dans la chaîne de préparation du budget, à travers les nominations récentes de nouveaux responsables dans bon nombres d’administration ; l’accélération de la mise en œuvre de la décentralisation.

Au regard de ces contraintes, point n’est besoin de douter de ce que ce sont autant de défis à relever dans le cadre de ce budget. Car, elles  réduisent les marges de manœuvre budgétaire du gouvernement pour la poursuite de la mise en œuvre de sa politique publique adossée sur le Document de stratégie pour croissance et l’emploi (Dsce). Voila qui justifie la tenue de ce séminaire qui vise à préparer les esprits à ces différents défis, innovations et mesures difficiles qui vont marquer la préparation du budget de l’Etat 2017. Ce, dans le souci d’assurer une meilleure efficacité de l’allocation des ressources et une plus grande rationalisation des choix budgétaires.

Ordre de bataille

Ainsi, de manière spécifique, il s’agit d’inviter les divers partenaires de la chaîne de préparation du budget de l’Etat à se mettre en ordre de bataille ; de présenter le contexte, le calendrier et la démarche de la préparation du budget de l’Etat 2017 ; de fournir les indications sur les grosses tendances de la politique économique et financière de l’Etat pour l’exercice 2017 et de fournir les outils méthodologiques de la préparation du budget aux administrations.  « Nous allons partager le cadre macroéconomique dans lequel ce budget 2017 sera préparé. La particularité ici sera le renforcement de la démarche du budget-programme. Nous avons commencé le budget-programme en 2013, nous avons fait trois premières années d’exécution et nous sommes là dans la deuxième phase. C’est-à-dire 2016-2018. Nous devons profiter des erreurs ou des dysfonctionnements que nous avons connus pendants les trois premières années pour corriger notre démarche et approche pour la première du budget 2017 », espère Paul Elung Che, le ministre délégué auprès du ministre des Finances qui a présidé l’ouverture du séminaire.

Le ministre délégué aux Finances n’a pas manqué de rappeler le contexte sécuritaire qu’il qualifie de « menacé » et pour lequel les dépenses « sont très pressantes ». De même que la tendance des cours des matières premières et les réformes concernant les Accords de partenariat économiques qui contraignent le gouvernement à mettre « plus d’accent sur les recette internes que les recettes douanières ». Pour le reste, le séminaire donnera l’occasion aux intervenants, entre autres, de présenter le bilan de la réforme des finances publiques au premier triennat 2013-2015 ; d’élaborer sur les innovations des directives Cemac et leur internalisation dans le dispositif de préparation du Budget programme au Cameroun et présenter les résultats de l’examen de la cohérence du Budget d’investissement public 2016.

Achille KAMGA in Le Messager