Economie

Le diagnostic, le regard critique et les propositions de Michel Tchotsoua, professeur des universités

 A l'heure où la question du développement de l’Afrique fait peur à certaines personnes, enthousiasme d’autres et occupe une place, toujours plus grande, dans l'agenda politique ou au sein de la société civile, le rôle des entreprises est remis en question. Le débat sur la place des entreprises dans la société est alimenté en arguments aussi bien négatifs que positifs. Leur influence et leur impact sur l’environnement, l’économie et le social doivent désormais être bien auscultés afin d’humaniser l’entreprise pour un développement durable, j’allais dire maitrisé (…)

 Je voudrais, d’entrée de jeu, souligner que je ne suis pas économiste. Je n’ai pas encore travaillé à la Banque Mondiale, ni aux Nations-Unies où les grandes théories de développement industriel sont certainement élaborées et ressassées.

Développement industriel : une affaire nationale

Je voudrais partager une réflexion qui fait une analyse critique de la politique du développement industriel au Cameroun depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours et donne quelques orientations pour une nouvelle approche de politique de développement industriel du Cameroun.

Un pays ne peut être développé par des étrangers comme on a tenté de le faire pour la majorité des pays africains depuis plus de 50 ans, mais le pays se développe de lui-même, sur la base de la qualité de ses ressources naturelles et humaines propres et du partenariat gagnant-gagnant.

Cameroun : Des potentialités industrielles sous exploitées

Le Cameroun dispose d'une gamme variée de ressources qui n’attendent que des investisseurs. Ce sont les ressources minières, hydrologiques, pédologiques, écologiques, forestières et humaines. Le pays est riche de son sol, de son sous-sol, de sa biosphère et de par sa position géographique. Mais l’exploitation de ces potentialités naturelles et humaines, commencée depuis l’époque coloniale, reste bien peu bénéfique pour un développement maitrisé de ce pays à cause des freins d’ordre interne et externe.

Pour une nouvelle politique industrielle du Cameroun

La politique industrielle est un ensemble de mesures interventionnistes des pouvoirs publics, visant à développer des activités économiques et à promouvoir le changement structurel. Commençons par une question simple. Est-ce que les bureaucrates et les politiciens africains ont la capacité de promouvoir les futures industries gagnantes, sans se faire influencer par des lobbys ou par quelques valises remplies de billets d’euros, de dollars ou de yuan ? Pour ce qui est du Cameroun, on serait tenté de répondre par la négation, au vu de son histoire au présent (...)

La politique industrielle du Cameroun doit être orientée vers la transformation locale des ressources, notamment agricole, pastorale, forestière, minière et énergétique. Cette politique doit être complétée par le développement des infrastructures de transport (voies routières, ferrées, et maritime), et les vraies, pas des axes lourds là où il faut des autoroutes, l'extension des infrastructures de communication et l'expansion de l'Economie numérique.

Il faut créer un Ministère des Technologies de l’Information, de la Communication et de l’Economie Numérique qui doit avoir en son sein des chevronnés, des surdoués et des maniaques de TIC et de l’économie numérique dont nous disposons au Cameroun et dans les diasporas camerounaise et africaine, et non des imposteurs qui disent tout connaitre mais au final rien que consommer leur budget de fonctionnement ; qui ne savent prendre des initiatives qui puissent donner de la valeur ajouté à leur fonction.

Ce Ministère doit assurer le développement de l’ «e-espace » d’incubation et de développement de l’Economie numérique et offrir un accompagnement à des entrepreneurs innovants. Les partenaires de ce «e-espace » doivent savoir dépasser leurs intérêts égoïstes, le tribalisme et le népotisme pour développer des « start-up », au sein des communautés « high-tech » – incubateurs notamment dans le domaine des Fin Tech.

Michel TCHOTSOUA

Symposium sur l’industrialisation durable du Cameroun

Yaoundé, 21 avril 2016