L’opération de comptage physique des personnels de l’Etat a été lancée ce mois d’avril. Objectif, expurger du fichier solde de l’Etat tous les agents publics y émargeant irrégulièrement.

C’est un véritable casse-tête chinois pour le gouvernement camerounais. Cette traque des agents fictifs de l’Etat qui donne le tournis aux autorités. Après plusieurs mises en garde, des personnels fictifs continuent d’émarger indûment dans les caisses de l’Etat. Et ça, ça agace au plus haut sommet. Le ministre des Finances vient rappeler dans un communiqué porté à la connaissance des agents actifs, que dans le cadre du processus de rationalisation de la dépense salariale, « le gouvernement lance dès la période de paie du mois d’avril courant, une opération de comptage physique des personnels de l’Etat ». Ce dénombrement a pour but, indique Louis-Paul Motaze, d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’Etat « tous les agents publics y émargeant irrégulièrement » du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré. L’opération court jusqu’en juin 2018.

 

Ce n’est pas la première fois que l’Etat lance une telle opération sans véritable succès. L’on se souvient encore qu’en décembre dernier,  plus de 14 000 agents publics avaient été sur la sellette du fait de leur absence de leur poste de travail depuis plusieurs semaines. C’est un volumineux document de 382 pages qui indiquait les identités de ces agents publics invités alors « à clarifier leur situation administrative auprès de leur Dag/Drh ». Tous immatriculés dans diverses administrations, Santé, Education, Justice, Enseignement supérieur, etc. C’est à l’issue des descentes dans ces différentes administrations pour des contrôles inopinés que les équipes du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative, avaient constaté ces absences.

Des informations glanées ci et là indiquent que plusieurs d’entre eux ont reçu des demandes d’explication relativement à leur absence à leurs postes de travail. D’autres langues qui se délient renseignent que « c’est un problème récurrent. Dans la mesure où des agents publics font preuve de transhumance dans le secteur privé ou désertent leur poste pour s’installer à l’étranger. Sans toujours l’indiquer à leur administration. D’autres jouant simplement sur les deux tableaux ». L’expérience de ces dernières années en effet, a montré qu’il y a de nombreux fonctionnaires fictifs qui émargent pourtant dans les caisses de l’Etat.

Pour l’opération en cours, le ministre des Finances informe que la collecte des données se fera sur toute l’étendue du territoire national par des équipes spécialement déployées à cet effet auprès des banques, établissements de microfinance et postes comptables assignataires. Tout en précisant que le comptage physique dont il s’agit s’adresse essentiellement aux personnels émargeant au fichier solde de l’Etat comme salariés et justifiant d’une présence effective à leur poste d’affectation. Le ministre des Finances rappelle le « caractère obligatoire » de cette opération qui impose à tout agent public, de se soumettre aux exigences de sa mise en œuvre « sous peine de suspension pure et simple de solde ».

Délais de prescription

Une mesure qui serait salutaire dans la mesure où la présence des agents fictifs constitue un gros manque à gagner pour l’Etat. Il y a nécessité de traquer ces derniers pour ne pas fragiliser le solde budgétaire de l’Etat. Et le Président de la République l’a compris lorsqu’en juin 2017 dernier, dans sa circulaire relative à la préparation du budget 2018, il invitait les différents acteurs à regarder de près les dépenses du personnel. Il « faudra veiller au renforcement de l’assainissement », martelait-il.  Et conformément à l’article 33 de ladite circulaire, cette mesure passe par la conduite d’une opération de « comptage physique » des personnels de l’Etat pour les actifs, de contrôle et de sécurisation des ayants-droit pour les pensionnés. Par ailleurs, pour empêcher que des agents mal intentionnés continuent leur basse besogne qui consiste à puiser indûment dans les caisses de l’Etat, Paul Biya a prescrit « la révision des textes disciplinaires de la Fonction publique, en vue de mieux sanctionner les abandons de postes, et de bien définir les délais de prescription ».

Achille KAMGA (Le Messager)