En baisse de plus 5000 tonnes par rapport à la campagne précédente. Les producteurs aux abois.

 

Les chiffres sont de l’interprofession du Cacao et du Café. 20 270 tonnes. Comme la production caféière enregistrée au cours de la campagne 2016-2017. Comparé à la campagne 2015-2016, l’interprofession note une baisse de la production de plus de 5000 tonnes (25 500 tonnes). Une situation qui inquiète les acteurs de la filière. En marge du lancement de la campagne caféière 2017-2018 ce 4 avril, le Conseil interprofessionnel du Cacao et du Café (Cicc) a profité pour jeter un regard synoptique sur la filière. Le Cicc s’est ainsi arrêté sur les deux acteurs de la commercialisation que sont les producteurs et les usiniers. Pour interroger la fiabilité de la relation qui les met au centre de la commercialisation des cafés verts. S’agissant des producteurs, le Conseil considère que le regroupement reste « la seule voie de sortie ». Pour preuve, il convoque l’exemple du Brésil où les performances de Cooxupe, la plus grande coopérative des caféiculteurs au monde, ne sont plus à démontrer. De même pour le cas du Cameroun où, de l’expérience des volumes commercialisés au sein des Opa suivies par l’Office national du cacao et du café, et les volumes de café usinés par chaque opérateur, il ressort que sur 2 770 tonnes déclarées par l’échantillon des 30 Opa, la Coopaferlos s’en sort avec 600 tonnes. Ce qui amène à conclure à la vitalité de cette organisation.

Quant à la question de l’usinage, selon l’interprofession, elle se pose aujourd’hui tant en terme de nombres d’usines qu’en rapport avec leur implantation géographique et la viabilité de l’activité. En effet, le bilan de la campagne indique 73 usines actives, même si, apprend-on, seulement 50 ont démontré la preuve de leur activité en déclarant les volumes des cafés usinés. Il est notoirement connu que plus des trois quarts de ces usines sont implantées dans les bassins du Littoral, de l’Ouest et Nord-Ouest. Certains bassins à fort potentiel en étant totalement dépourvus. « 73 usines actives pour 20 270 tonnes de café, quand on sait que la plupart des gros exportateurs et certains torréfacteurs possèdent leurs unités de décorticage, l’on se demande bien quels volumes restent pour les autres usiniers, notamment ceux qui ne font que l’usinage et l’exportation ? Qui fait l’usinage et la torréfaction ? Car, de notre point de vue, c’est bien à ce niveau que se trouve l’un des nœuds du problème de la commercialisation du café : l’usinier peut-il vivre du décorticage, tout en garantissant au producteur des coûts d’usinage correct ? Peut-on imaginer une homologation des charges d’usinage ? ». Autant d’interrogations du Cicc auxquelles il est difficile d’apporter une réponse.

Il faut agir !

Comme thérapie dans l’immédiat, le Cicc pense que le Café pourrait dorénavant bénéficier d’un traitement différencié en matière d’allocation des financements dédiés aux traitements phytosanitaires et aux engrais. Car, la productivité du café est tributaire en grande partie des engrais. Ainsi, selon les experts, l’acuité de la situation est telle qu’en attendant la production massive des plants à haut rendements et résistants, il importe d’optimiser l’existant. Par exemple, soutiennent-ils, il faudrait pour l’Arabica, planifier en urgence une campagne de traitement généralisé contre l’Anthracnose des baies du caféier dont tous s’accordent à reconnaitre qu’il pourrait décimer l’ensemble du verger. Par ailleurs, consciente de l’urgence, mais surtout de l’ampleur et l’expertise des solutions identifiées comme nécessaires, le Cicc fonde sa démarche sur l’approche partenariale pour catalyser l’opérationnalisation de ses programmes structurants relatifs au maillon production.

Achille KAMGA (Le Messager)