Tous deux engagés dans la course vers le fauteuil présidentiel de l’Association des comités nationaux olympiques africains (Acnoa), les deux hommes battent campagne avec en toile de fond, l’organisation des prochains J.O. Face à un intendant général ivoirien méthodique, ambitieux et transparent dans la gestion des fonds, le candidat camerounais verse dans des vaines promesses.

 

Heureuse coïncidence ou simple hasard de profil de candidats ? Le malheur a voulu que l’élection du président de l’Acnoa mette en scène deux officiers hauts gradés de l’Armée. Lassana Palenfo est un général d'armée ivoirien qui cumule aujourd'hui plusieurs fonctions dans diverses organisations sportives internationales. Tout comme Hammad Kalkaba Malboum, colonel d’armée dont les états de service dans le sport et le monde olympique lui ont permis de bâtir une réputation en béton armé. Aujourd’hui engagés dans la course vers la présidence de l’Acnoa, les deux candidats ont articulé leur campagne autour des 32èmes  Jeux olympiques d’été de l’ère moderne prévus à Tokyo en 2020, soit dans 3 ans. S’appuyant sur des programmes qui intègrent entre autres, le bien-être et l’épanouissement des athlètes avec pour principale quête l’amélioration de leurs performances, Palenfo et Kalkaba veulent séduire l’électorat et récolter le maximum de suffrages au soir du 10 mai prochain.

Stratégie gagnante

Mais à l’observation, l’ivoirien en poste depuis 2005, a une longueur d’avance sur son unique challenger. Car, pour l’Acnoa, Tokyo c’est maintenant. Cet événement qui sera une autre occasion de célébrer le sport et les valeurs olympiques  constitue une plate-forme dans laquelle chaque peuple, chaque continent cherche à se mettre en évidence aussi bien avec un nombre important de participants, mais également avec une moisson abondante de médailles et surtout un comportement sain et exemplaire de ses athlètes. « C’est dans cette optique que nous venons de vivre à Abidjan les 20 et 21 avril 2017, deux jours de débats francs et fructueux dans la perspective de la préparation et de la participation de l’Afrique aux jeux de la 32ème Olympiade à l’occasion de la table ronde organisée par notre illustre institution sous le thème « Définir ensemble la stratégie gagnante pour Tokyo 2020 ». L’Acnoa, pleinement engagée  pour une participation réussie de notre délégation aux Jeux Olympiques de  Tokyo, comme en 2013, où elle avait organisé le 1er forum à Abidjan les 10 et 11 avril de cette année-là pour mettre les bases d’une préparation concertée des athlètes du continent aux Jeux Rio 2016,  a récidivé pour Tokyo 2020 », explique l’homme dont les propos sont rapportés dans la Newsletter de l’Acnoa.

A le croire, tout l’enjeu de la rencontre d’Abidjan était de trouver des stratégies idoines pouvant permettre de répondre à la question : « Comment faire mieux à Tokyo que les 45 médailles récoltées à Rio, en 2016 ? ». Face aux éminents experts du Comité international olympique (Cno), d’organisations continentales du sport africain, de l’Acnoa, du Cno de Côte d'Ivoire (Cno-Civ) et des fédérations sportives nationales, l'intendant-général, a exprimé son satisfécit à l’issue de la table ronde organisée par son institution à trois ans de la tenue des jeux de Rio. D’où la feuille de route qui servira de guide méthodologique de travail et la voie à suivre pour le quadriennal 2017-2020 de l’Acnoa.

Où sont passés les meetings d’athlétisme ?

Son adversaire, lui, actuellement à la tête de la Confédération africaine d’athlétisme, (Caa) explique au micro de nos confrères de Rfi pourquoi il pense pouvoir enfin battre le patron sortant de l’Acnoa, après deux cuisants échecs. « Je suis candidat parce que le sport est le domaine où la jeunesse africaine s’exprime le mieux, sans complexe, face aux jeunes des autres continents. L’Afrique a un potentiel important. Si l’Acnoa est bien gérée, avec une stratégie visant à augmenter la performance de la jeunesse africaine, cela peut améliorer l’image et l’influence de notre continent sur la scène mondiale. […]», confie le président du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc). De belles paroles que l’électorat semble prendre avec des pincettes surtout au regard du bilan que présente le colonel à la tête de la Caa. Depuis qu’il a hérité du poste qu’occupait son prédécesseur Lamine Diack, en dehors de quelques championnats zonaux sporadiques, les grands meetings d’athlétisme qui mettaient en lumière les figure de proue de cette discipline sur le continent, se comptent désormais au bout des doigts d’une main s’ils n’ont pas tout simplement disparu. L’instance en panne de redynamisation, se contente désormais de belles promesses dont la matérialisation a du mal à être confirmée.

Les bourses, l’utopie ?

Certes, la stratégie fondée sur la réalisation de centres de formation pour les jeunes, en utilisant les moyens existants, comme les universités et les académies sportives qui se créent en Afrique, reste un projet ambitieux. Mais, l’incidence sur l’amélioration des performances des athlètes doublée de l’implication des membres du Cio africain et des autres structures décentralisées de l’Acnoa, reste comme une vue de l’esprit en dépit de la volonté de Kalkaba à doubler le nombre de médailles de l’Afrique aux J.O. Plus grave, les fameuses bourses de formation aux athlètes que l’homme semble vanter la paternité, ne relève que du ressort de la Fédération internationale, seule instance garante des statistiques susceptibles d’accroître les performances. Quoiqu’il en soit, le vin est tiré, il faudra le boire au soir du 10 mai prochain.

C.T.