Le manager général de l’école des brasseries du Cameroun dresse le bilan du tournoi qui des jeunes des moins de 18 ans qui vient de s’achever et revient sur  les secrets de la formation d’une école qui a fabriqué des génies comme Eto’o, Song et Clinton Njié

Parlez nous de cette coupe Easter Cup
 

C’est un tournoi réservé aux moins de 18 ans que nous avons lancé l’année dernière, parce que nous avons deux tournoi que nous avions déjà deux tournois aux mois de juin et décembre (tournoi de noël et challenge Njitap) ; nous avions constaté qu’il y avait un espace entre les deux tournois qu’il fallait combler, nous avons profité des congés pour insérer ce tournoi qui se veut être un tournoi de référence.
 

Pourquoi le challenge Njitap ?
 

Simplement parce que le parrain de l’école de football c’est le challenge Njitap. Nous avons lancé cela il y a trois ans. Le challenge Njitap clôture l’année scolaire, alors qu’Easter Cup se déroule pendant les congés de pâques. Pour nous, c’est une promotion sortante ; c’est un cadeau qu’on veut faire à ces enfants qui dispute à cette occasion leur dernier tournoi sous les couleurs de l’école des Brasseries du Cameroun.
 

Comment se fait le choix des équipes participantes à ce tournoi?
 

Nous avons d’abord pour ambition de couvrir au maximum l’étendu du territoire national avec les équipes dans toutes les régions. En ce qui concerne les critères, nous essayons de récompenser les clubs professionnels camerounais qui jouent le jeu de la formation (union de Douala, Young Sport Academy de Bamenda) qui font un geste fort et ensuite on essaye d’identifier les régions qui travaillent bien. Souvent ils font leur preuve lors du tournoi de noël ou du callenge Njitap, c’est là que ces équipes font leur preuve pour pouvoir disputer l’Easter Cup, un tournoi qu’on  veut mettre plus en avant pour que cela devienne le Montaigu camerounais voire africain.

 

Beaucoup de Manager Blancs sont venus superviser ce tournoi, votre réaction…
 

Maintenant nous avons une certaine expérience en matière d’organisation du tournoi ; la réputation de ce tournoi traverse les frontières ; et puis le Cameroun est une terre de footballeur, il y a de quoi les recruteurs se bousculent ;  ce sont des gens qui sillonnent l’Europe et l’Afrique en permanence, cela peut être une opportunité pour les joueurs qui ont participé à ce tournoi.
 

Avant ce tournoi, comment s’opère la détection des joueurs chez vous ?
 

La détection c’est la coupe « top », réservée aux enfants de 13 ans, une compétition se déroule pendant les grandes vacances, une compétition unique en son genre au Cameroun qui se déroule dans les 10 régions avec plus de 5.000 jeunes qui sont supervisés par nos recruteurs et à l’arrivé 90 sont retenus pour la future promotion.
 

Sur les murs de l’école des brasseries, on aperçoit Patrick Suffo, Rigobert Song, Womé Nlend, Samuel Eto’o, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
 

Cela représente 30 ans d’existence de l’école des Brasseries du Cameroun. Beaucoup de talents sont passés par ici, cela permet de retracer l’histoire, Rigobert Song est le capitaine de la première promotion. Et puis la nouvelle génération dont la tête de fil est Njié Clinton. On peut bien voir Salomon Olembé, samuel Eto’o (star planétaire), Rigobert Song (capitaine emblématique), Patrick Suffo ; ce sont des joueurs emblématiques, charismatique qui ont gagné deux Can, bref qui ont fait les beaux jours de l’équipe nationale. Dans la deuxième promotion, on retrouve Njié Clinton, Vincent Aboubacar, Sally Edgar et d’autres jeunes pas encore connus du grand public qui sont appelés à grandir pour suivre les pas des anciens afin de faire une belle carrière.
 

Et tout cela fait votre fierté ?
 

Bien sûr, la fierté de tout centre de formation c’est que les enfants avancent, ce sont des réussites, c’est bien pour l’école, c’est bien pour eux et la rançon du formateur c’est que les enfants arrivent à mener une bonne carrière.
 

Le public a répondu présent pendant ce tournoi, quel bilan faites-vous ?
 

On est très heureux, c’est l’objectif ; au delà de la victoire, dans le cadre de la formation, on doit habituer les enfants à jouer dans ces conditions. Quand il y a beaucoup de bruits,  ils ne sont pas habituer  mais cela entre dans le processus de formation, il faudrait que demain ces enfants soient capable de jouer dans une ambiance forte.

 

Pour les joueurs des brasseries, c’était leur dernière saison, il ne fallait pas rater cette dernière sortie ?
 

C’est un tournoi qui les tient à cœur ; sur les 18 joueurs, 11 finissent leur formation cette année ; donc il fallait qu’ils terminent sur une bonne note. On finit sa formation à l’école des brasseries par un cycle de trois tournois, ca commence par Challenge Njitap, ensuite le tournoi de noël et enfin Easy Cup. Les deux premiers tournois, ils ont perdu en finale, ils avaient à cœur de ne pas finir la formation par une nouvelle défaite. C’est important pour eux parce qu’ils diront un jour, quand on était à l’école des brasseries, on a gagné le tournoi Easy Cup. Quand on arrive à faire jouer les jeunes, on a attend notre objectif, nous ne faisons pas dans les intrigues ici. Les gens travaillent partout au Cameroun mais dans de mauvaises conditions. Ce qui fait la différence dans une compétition comme celle-ci, c’est le fait de pouvoir jouer souvent. L’avantage du stagiaire de l’école de foot c’est qu’ils jouent très souvent, même si ce sont les matchs amicaux. Le manque de compétition a certainement freiné les ambitions des autres équipes dans ce tournoi.

 

Certains jeunes formés chez vous se retrouvent dans le championnat camerounais avec union, coton et autres, vous continuez à les suivre ?
 

Oui nous les suivons mais ce n’est pas cela notre seule mission. Tous les stagiaires qui sont ici ne feront pas une carrière à la hauteur de celle de Samuel Eto’o ;  mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont laisser le football. Ils font aussi le bonheur des clubs camerounais et à travers ces joueurs que nous formons, nous espérons que quand ils intègrent une équipe, qu’ils puissent participer à la progression de cette équipe. On est dans notre rôle, nous formons des joueurs qui auront une carrière internationale ou nationale, des joueurs qui contribueront à favoriser le beau niveau du championnat.
 

Avec la concurrence qui s’est installé dans votre secteur, est-ce que vous allez chercher des oiseaux rares chez les autres ?
 

Non, notre objectif c’est de pouvoir recruter, on envisage dans les prochains recrutements de commencer à 12 ans. Lorsqu’on commence à recruter un enfant, on espère qu’il va aller au bout de la formation. Recruter à 17 ou 18 ans, c’est compliqué. Il est important qu’on crée les centres de formations mais il faut que chacun mettent de la compétence. C’est ce que nous faisons et nous espérons que les autres vont s’en inspirer. Ce sera bien pour le football national, plus il y aura les structures qui travaillent bien, plus le nombre de joueurs bien formés va augmenter en championnat d’élite et le niveau du championnat évoluera.
 

Quand coton sport de Garoua joue à douala avec l’un des jeunes formés aux brasseries, les jeunes de l’école des brasseries sont dans les tribunes pour l’encourager…
 

Effectivement c’est le cas, il y a une grande solidarité, ils ont quelques chose en commun, c’est une confrérie, ils viennent l’encourager quand l’emploi de temps leur permet.  Ce n’est pas donné à tout le monde d’être ici, c’est le talent. C’est une famille, quand on est ici, on rit en condition d’internat, il y a des grands frères, il y a des petits frères, ils deviennent une grande famille..
 

Comment vous parvenez à maitriser ces enfants qui viennent de divers horizons ?
 

La première règle dans le football et dans la vie c’est être discipliner et s’auto -discipliner. L’objectif c’est que les enfants s’approprient les règles de vie afin que cela deviennent un comportement naturel quand ils ne seront plus à l’école de foot. On veut former des hommes qui savent se comporter, savoir s’exprimer, se prendre en charge, être poli et se responsabiliser.
Un mot sur Mbarga Emmanuel
C’est un joueur talentueux qui a déjà fait six ans ici, on espère qu’il fera de bonne chose ; c’est un bon joueur, un bon garçon. On prie pour lui pour qu’il puisse faire une belle carrière.
 

C’est quoi la suite ?
 

Le prochain tournoi c’est Challenge Njitap prévu en fin juin, la semaine qui suit le probatoire pour les catégories moins de 15 et de 17 ans. Cela clôture l’année et les enfants partent en congés.

Entretien avec Yves Léopold Kom