Frappé de rétrogradation par la Fédération internationale de football association (Fifa) suite au non-respect de la décision du juge unique de la Commission du Statut du Joueur du 15 juin 2016 rendue dans le cadre d’un litige contractuel entre le club phare des Bamboutos et l’entraineur belge Johan Buyle, les dirigeants crient au complot.

 

 

Bamboutosgate ! Revoici les Mangwa boys devant les tribunaux ! Loin des stades, c’est dans les bureaux que l’autre match va se jouer. C’est un doux euphémisme de dire que le club phare du département du Bamboutos est dans de sales draps. La faute à une décision de la Fifa qui exige de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) de « trancher la tête » de l’équipe qui mobilise le plus de supporters au Cameroun. S’il faut appliquer ipso facto cette sentence de l’instance faîtière du football mondial, la Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc), par cet acte, procédera dans les prochains jours, à un chamboulement de ses deux championnats. Bamboutos Fc de Mbouda cédera alors sa place africaine à New stars de Faustin Domkeu. Au bas du classement, sauf à faire jouer la Ligue 1 à 17 la saison prochaine, la Fécafoot et la Lfpc devront prendre la décision qui fera le moins mal possible. Soit l’on fait remonter Unisport du Haut Nkam, 16ème à la fin de la saison, en première division, soit c’est Canon de Yaoundé classé 4ème au terme du championnat de Ligue 2 qui montera en D1.

Non-respect du verdict

Condamné à payer le salaire de Johan Buyle, le technicien belge, qui avait été engagé pour diriger Bamboutos la saison dernière avant d’être viré abusivement, la direction du club ne s’est pas exécuté dans les délais et risque donc de payer cher selon les dispositions prévues par la décision de la Fifa. A l’origine, le non-respect du verdict donné par la Commission de discipline de l’instance que dirige Gianni Infantino en faveur du belge. Tout commence lorsque Johan Buyle est engagé par le président du conseil d’administration de Bamboutos Fc, Justin Tagouh pour conduire le club de Mbouda l’an dernier. Seulement, le technicien va être viré sans ménagement avant le début de la saison. L’entraineur, trentenaire, va alors saisir la Fifa pour rentrer dans ses droits notamment le versement de son salaire sur un an comme le stipulait le contrat signé avec l’administration du club. La décision rendue le 15 juin 2016 par la Fifa condamne Bamboutos à verser dans son intégralité ledit salaire qui s’élèverait à plusieurs millions de Fcfa pour un délai de 30 jours. L’administration des bleus et rouges de l’ouest  traîne la patte. Le créancier Johan Buyle va, par la suite, saisir la Fifa afin qu’elle constate le non-paiement de ses droits sous délai. Cette dernière statuant sur ce cas le 15 mars dernier, a prévu pour Buyle des mesures de pressions légales que le conseil juridique du belge n’a pas hésité d’activer. Le cabinet Eleven and law qui défend Buyle va à son tour saisir la Fifa pour le retrait de trois points en championnat comme le stipule l’article 4 de la décision. 

Irrégularités

Une version des faits qui tranche avec celle donnée par l’administration du club qui révèle qu’ayant envisagé le recrutement de cet entraineur, « le club de Mbouda va se voir notifier un courrier de la Fécafoot soulignant la non-qualification de l’entraineur belge. Vérifications effectuées, Bamboutos Fc se rendra compte du caractère non requis des diplômes de cet entraineur par les instances du football camerounais.  Bamboutos Fc de Mbouda va alors décider de se séparer de ce dernier qui selon la Fécafoot n'était pas en possession des diplômes  requis pour occuper le banc de touche d'un club du championnat d'élite one du Cameroun. Monsieur Buyle recevra néanmoins une indemnité de 5000 euros de la part des dirigeants de Bamboutos avant de s’en aller », écrivent le vice président du Conseil d’administration, Josué Djeatsa Kenvo dans une espèce de restitution des faits. Pour ce dernier, contrairement à ce qui est marqué dans la décision de la Fifa, « Bamboutos de Mbouda n’a jamais fait l’objet d’un retrait de trois points au cours de la saison 2016/2017 ». De telles anomalies traduisent inévitablement des irrégularités notoires dans la démarche de la Fifa.

Requête avec effet suspensif

Officiellement notifié,  Bamboutos alors représenté par Me Robert Yambi demande « une suspension de cette procédure disciplinaire dans la mesure où une procédure pénale avait  été ouverte à l’encontre du créancier devant les autorités camerounaises. Il s’agit du respect du principe suivant lequel « le pénal tient le civil en l’état ». Cet argument sera rapidement balayé par la Fifa sans aucun fondement juridique. L’affaire va de nouveau être réexaminée par la Fifa à la demande de monsieur Buyle le 12 avril 2018. Appelée à se prononcer sur l’ultime sanction qu’est la rétrogradation de Bamboutos Fc en division inférieure, « la Fifa répondra favorablement et notifiera officiellement le club de Mbouda le 4 mai 2018.  Bamboutos Fc représenté par maitre Yambi a immédiatement saisi le Tas par une requête aux fins d’effet suspensif dans laquelle il demande à ce Tribunal de reconnaître qu’une procédure pénale est pendante devant les juridictions pénales camerounaises, d’annuler la décision ou d’ordonner un sursis à statuer dans la présente cause jusqu’à l’issue de la procédure pénale pendante devant les juridictions camerounaises ».

Djeatsa Kenvo se dit pantois dans la mesure où les documents présentés par Bamboutos Fc de Mbouda tendent à démontrer que le sieur Buyle ne possède pas des diplômes d'entraîneur exigés par la Fécafoot. En effet, arguet-il, « la Fifa depuis les derniers scandales qu'elle a essuyés avec les affaires de corruption essaye de redorer son blason à travers une opération « mains propres ». Pour lui, elle devrait alors se montrer irréprochable dans la gestion de cet autre problème épineux qui pourrait venir jeter un autre voile sur la façon dont les litiges sont tranchés au sein de cette instance faîtière du football.

Christian TCHAPMI (Le Messager)