Accusée injustement par un journaliste algérien d’avoir retiré l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) au Cameroun pour l’attribuer au Maroc, la Confédération africaine de football (Caf) a démenti cette intox qui a envahi la toile au point de jeter le doute dans les esprits au sein du pays hôte.

 

Tout est parti de ce message rédigé en arabe et posté il y’a deux jours, par le célèbre commentateur algérien, Hafid Derradji, sur sa page Facebook.: « Félicitations au Maroc qui organisera la Can 2019 et le Chan 2018. Les deux compétitions seront retirées au Cameroun et au Kenya, et c'est le Maroc qui s'occupera de leur organisation. Tout cela se passe alors que notre fédération (algérienne, ndlr) a déclaré être prête à accueillir les prestigieux tournois ». Réputé d'avoir des sources fiables, le commentateur de beIN Sports n'a pas oublié de lancer des piques aux patrons du football algérien. « Réveillez-vous... » a-t-il conclu. « Faux ». C’est par ce sms lapidaire, envoyé par un membre du Comité exécutif de la Caf, alors en pleine réunion au Caire, que nos confrères de Jeune Afrique a été informé du caractère infondé de la rumeur.

En effet, depuis le 20 juillet et l’annonce d’un élargissement du tournoi de seize à vingt-quatre équipes dès 2019, la rumeur d’une délocalisation est récurrente. En Algérie un peu, au Maroc beaucoup. « Ce n’est pas étonnant : dès qu’il y a un problème sur le continent à propos d’une compétition d’envergure, on cite le Maroc comme recours. Cela a été le cas pour la Can 2017, après les troubles qui ont suivi l’élection présidentielle au Gabon, puis pour le Chan 2018, prévu au Kenya.  Le Maroc est très actif sur les plans sportif et diplomatique. Et comme il bénéficie de toutes les infrastructures nécessaires pour accueillir de gros événements sportifs, il apparaît comme la meilleure de solutions », résume un dirigeant africain.

Le gouvernement camerounais serein

Le Maroc, qui vise (surtout) l’organisation de la Coupe du monde (2026 ou 2030) ne fait d’ailleurs rien pour dissiper les rumeurs. Fouzi lekjaa, l’influent président de la Fédération royale marocaine de football (Frmf), avait affirmé la semaine dernière à Rabat, où se tenait le Comité exécutif de la Caf, que son pays était prêt à suppléer le Cameroun. Kheireddine Zetchi, qui dirige la Fédération algérienne de football (Faf), avait lui aussi proposé ses services. « Ce qu’il faut savoir, c’est que le Maroc n’a pas saisi la Caf pour officialiser sa candidature, au cas où le Cameroun ne pourrait pas honorer ses engagements. Il y a beaucoup de spéculations, de rumeurs, mais rien n’est fondé. Des missions d’inspection vont se rendre au Cameroun, lequel n’a jamais dit qu’il envisageait de se retirer », explique-t-on à la Caf.

Au Cameroun, le gouvernement est plus que serein, en dépit de l’épaisseur du cahier de charges qui nécessite de nouveaux contrats d’endettements. Face à la presse il y’a une semaine à Yaoundé, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt rassurait : « Je voudrais rassurer l’opinion nationale et internationale que malgré les contraintes liées à l’adversité de la conjoncture économique actuelle et à la persévération de la sécurité de notre pays, le gouvernement est totalement engagé, sous la très haute impulsion du Président de la République, Chef de l’Etat, son excellence Paul Biya, et la coordination du Premier Ministre, chef du gouvernement, à remplir le cahier de charges de la Confédérations africaine de football », a déclaré le ministre des Sports et de l’éducation physique il y’a une semaine.

C.T. avec jeuneafrique