Le très sérieux journal Médiapart a, dans sa récente parution, pointé du doigt la corruption et la mafia orchestrées par l’entreprise Magil avec les autorités camerounaises, à propos de la construction du Stade d’Olembé de Yaoundé qui accueillera le match d’ouverture et la finale de la prochain CAN.

 

Par le passé, plusieurs médias camerounais avaient déjà relevé les pratiques peu orthodoxes de l’entreprise Magil dans la construction du complexe d’Olembé. Cette fois-ci, c’est au tour du très sérieux média français Médiapart de révéler la mafia et la corruption qui règnent entre la société canadienne et certaines autorités camerounaises autour de la construction du complexe d’Olembé. Tout comme les médias locaux, le journal français s’interroge sur la capacité du Cameroun à tenir l’organisation de cette CAN 2021, tant le retard de livraison du complexe d’Olembé est grand. On se souvient d’ailleurs que le glissement de l’organisation de l’édition dernière de la Coupe d’Afrique avait pour cause le non-achèvement de ce temple de football. Deux ans après, les doutes subsistent au sujet de la livraison du stade d’Olembé dans les délais.

Pour cause, des actes de corruption et de mafia freinent l’avancée des travaux à Olembé. Et l’entreprise Magil qui a la charge de terminer les travaux de ce complexe de Yaoundé est pointé du doigt. « Elle ferait partie des entreprises étrangères qui profitent de la corruption généralisée, en association avec les hauts fonctionnaires », peut-on lire dans les colonnes du journal. Des pots de vin seraient versés en échange des services publics, on comprend donc pourquoi que cette entreprise s’était vu attribuer le chantier d’Olembé au détriment de la Société Piccini qui pourtant travaillait dans la transparence. Malgré les sommes faramineuses versées par l’Etat du Cameroun pour le chantier d’Olembé, rien n’avance normalement. En lieu et place de tout un complexe intégrant un stade, une piscine, un terrain d’entrainement, un centre commercial, un héliport, un gymnase, de courts de tennis, terrains de basket, un parking et un hôtel 5 étoiles, on est actuellement qu’à la construction du stade, du centre commercial et de l’hôtel. « Plus de 300 millions d’euros ont déjà été engloutis dans ce projet, qui aurait dû être achevé fin 2018 », précise Médiapart.

Le journal français souligne, en outre, les faveurs illégales qui sont accordées à Magil. « Le contrat obtenu par la société Magil Construction Corporation semble lui être spécialement profitable, prévoyant par exemple qu’elle perçoive comme avance pour le démarrage des travaux 40% de la valeur du marché, alors que d’habitude ce pourcentage ne dépasse jamais 20%, d’après un expert. Comment les signataires du contrat pour le compte de l’Etat ont-ils pu accepter une telle disposition ? » s’interroge le journal français. Une incongruité qui souligne au trait renforcé la corruption entre certains responsables camerounais et Magil.

Décalage entre les salaires perçus et ceux annoncés

L’autre révélation fracassante émise par Médiapart concerne les salaires des employés expatriés.  Sur le papier, ils touchent des sommes faramineuses entre 11 050 000 FCFA à 37 050 000 FCFA par mois. En réalité, ces montants ne leur sont pas entièrement reversés. Ces employés expatriés touchent entre 1 300 000 à 10950 000 FCFA par mois. Où va donc l’autre partie de ces sommes payées par l’Etat du Cameroun ? L’entreprise Magil est soupçonnée de faire partie « des multinationales qui arrivent au Cameroun avec des schémas de détournements d’argent. Ce sont elles qui montrent aux responsables camerounais comment s’y prendre ». L’Etat camerounais devrait mettre fin à cette haute mafia qui saigne à blanc ses caisses. Avec toutes ces révélations, on peut donc comprendre pourquoi ça piétine à Olembé.