Ils ont rédigé une déclaration qui porte les problèmes de sous-développement de ce département de l’Est.

 

C’est 160 chefs traditionnels des 14 unités administratives que compte ce département qui se sont réunis à Doumaintang les 03 et 04 septembre 2016, pour débattre des questions de développement qui les concernent, dans le cadre de l’assemblée générale ordinaire de leur association. « En tant que détenteur des pouvoirs traditionnels, nous avons le devoir et l’obligation d’impulser le développement dans nos villages » indique Sa Majesté Frédéric Fouda, président du Conseil départemental des chefs traditionnels du Haut-Nyong. Selon ce dignitaire, « si tous nos chefs traditionnels s’engagent à chercher des voies et moyens pour développer leurs contrées, le Cameroun pourra se développer et devenir émergent d’ici 2035». Dans un environnement où les conflits politiques entre frères et sœurs et des clivages ethniques factices ne sont pas toujours orienté vers le développement, la mise sur pied de ce cadre de réflexion illustre à suffisance la prise de conscience des uns et des autres à se mettre ensemble pour sortir le Haut-Nyong de son enclavement.

Développement socio-économique

« C’est une première dans la région, et même au Cameroun de voir ce genre d’initiative réussir. Car dans notre département, il est rare de voir même un comité de développement évoluer sans être diabolisé. Ici, toute œuvre sociale vouée au bien-être des populations est toujours orientée à des fins politiques puis combattue », regrette Benjamin Kenzolo, chef traditionnel de 3è degré du village Mbalam1, par Ngoyla, qui ne souhaite pas que ce soit le cas avec leur association qui veut promouvoir le développement du département à travers une politique basée sur « l’amour, la solidarité, la fraternité et la quête de l’excellence de ses filles et fils ». A comprendre les objectifs de cette association qui se veut apolitique selon les dispositions de son statut, c’est un cadre de retrouvailles et d’échanges entre les chefs traditionnels sur les thèmes afférents au développement socio-économique et culturel. De façon concrète, il s’agit de susciter et de soutenir des projets de développement catalogués dans son plan stratégique de développement. Dans sa conception du développement  local, il propose qu’un accent particulier soit mis sur la construction des infrastructures routières, l’éducation et la formation professionnelle des jeunes, avant la création par exemple des projets générateurs de revenus qui pourraient développer leurs villages.

Revendications

Après avoir diagnostiqué et débattu sur les problèmes qui plombent l’essor de ce département, ils ont formulé une déclaration qui pourra être transmise à qui de droit dans les prochains jours. Tout en se félicitant de la nomination de Cyrus Ngo’o, au poste de directeur général du port autonome de Douala, et du démarrage des travaux de bitumage du tronçon routier Mbama-Messamena et d’une partie de la voirie urbaine d’Abong-Mbang, le Conseil départemental des chefs traditionnels du Haut-Nyong souhaite le bitumage des axes Abong-Mbang-Angossas ; Mampang-Angossas-Mboma ; Mbet-Nguelemendouka-Ayos ; Doumé-Doumaintang-Nguelemendouka ; Abong Mbang-Mindourou-Lomié. Sur le plan éducatif, la création des facultés annexes des universités de Yaoundé et de Douala à Abong-Mbang. Par ailleurs, il exige la restitution des 10% de la redevance forestière dont les populations ne bénéficient plus depuis des années. Au plan spirituel, ces derniers estiment que leur département abrite un diocèse, pour cela, il de bon ton qu’un de ses fils prélat soit élevé à la charge d’Évêque. A ce sujet, Paul Biya, le chef de l’État doit intercéder auprès du saint siège. Pour ces dignitaires qui veulent voir les choses décoller, « le Haut-Nyong dispose d’énormes potentialités aussi bien humaines que naturelles ».

Yves KOULOUMA