La veuve de Feu Paul Ango Ela a reçu sa médaille le 10 avril 2017 des mains de l’Ambassadeur de France au Cameroun.

 

« Chère Kalliopi, par cette distinction, la France honore vos qualités et reconnait les mérites éminents rendus à la nation et à l’amitié franco-camerounaise. Anne Kalliopi Ango Ela, au nom du Président de la république française et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, nous vous faisons chevalier de la Légion d’Honneur ».  Sanglé dans un costume de couleur noire taillé à sa mesure, Gilles Thibaut, l’Ambassadeur de France au Cameroun, auteur de ces propos, décore l’une de ses vaillantes compatriotes, Kalliopi Ango Ela, de la médaille de chevalier de la Légion française. La cérémonie a lieu le 10 avril 2017 dans les locaux abritant la résidence de l’Ambassade de France sur les hauteurs du plateau Atemengue à Yaoundé. Devant un parterre de personnalités, aux rangs desquels des diplomates, des historiens camerounais, des enseignants, des géostratèges, réunies aux côtés des amis, proches et membres de la famille de la récipiendaire.

En décernant les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur à Kalliopi Ango Ela, Gilles Thibaut récompense l’engagement d’une femme, à partager, à transmettre ses connaissances dans le domaine de l’histoire-géographie. Matière qu’elle enseigne au Lycée Fustel de Coualges à Yaoundé depuis trois décennies. «  La transmission des savoirs est au cœur de votre vocation de professeure agrégée d’histoire-géographie, titulaire également d’un diplôme d’études approfondies d’analyse théorique et d’épistémologie de la géographie. Au Lycée Fustel de Coulages où vous enseignez depuis trente ans, vous êtes une véritable mémoire, en même temps qu’une référence », relève Gilles Thibaut. Mieux, la France reconnait en Kalliopi Ango Ela, le mérite de magnifier cette fusion entre deux cultures, deux peuples, deux nations que sont le Cameroun et la France. Car, notons-le, la quinquagénaire (55 ans) qui vit au Cameroun depuis 1987 est l’épouse de Feu Paul Ango Ela dont une Fondation a été créée après son décès prématuré en 1998 pour perpétuer ses œuvres, notamment dans le domaine de la géostratégie.  

Au service des compatriotes

L’Ambassadeur de France souligne à cet effet, le fait que Kalliopi Ango Ela prolonge cette vocation de « Passeuse de savoirs » en sa qualité de directrice d’une Fondation de recherche « Paul Ango Ela » de géopolitique africaine. Non sans rendre hommage à Paul Ango Ela qu’il décrit comme « un intellectuel engagé, spécialiste des questions de sécurité-défense et parmi les pionniers de la géopolitique camerounaise ». C’est donc à travers la Fondation Paul Ango Ela que Kalliopi «  qui a fait le choix de rester seule au Cameroun », prolonge l’œuvre académique de son mari en animant ce think-thank de référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’évolution de l’Afrique centrale et à sa géopolitique.  Par ailleurs, Gilles Thibaut salue l’engagement citoyen de Kalliopi Ango Ela dont « les valeurs, la foi dans une éthique solidaire vous ont amené à exercer des responsabilités croissantes au service de vos compatriotes, dans le domaine associatif et dans la conduite des affaires de la cité ».

A.K (Source: Le Messager)

 

REACTIONS

 

Kalliopi Ango Ela, Chevalier de la Légion d’Honneur

« C’est équilibrant de partager cette double nationalité »

C’est la reconnaissance d’un travail de trente ans, à l’interface entre ce que je suis, française, et l’adoption que j’ai de cœur, le Cameroun. C’est un travail d’interface entre la France et le Cameroun. Mon message c’est de dire qu’il y a des personnes qui ne sont pas nées au Cameroun, qui aiment profondément ce pays et qui peuvent travailler sans renier pour autant ce qu’elles sont. Recevoir cette récompense est une pression supplémentaire pour continuer à renforcer cette interface. Ce qui me semble aussi important, c’est qu’il y a plusieurs façons de travailler pour son ou ses pays, d’être fidèle à ce qu’on est. Ça ne veut pas dire qu’on est forcément refermé. Mais qu’au contraire, on s’ouvre sur les autres dans le respect des autres et dans l’altérité. Je pense que la France est un pays qui est ouvert sur le monde. Après ça dépend aussi de la mise en musique et des actions qu’on peut conduire. Je pense à mon mari Paul Ango Ela qui m’a mis sur cette voie. C’est lui qui a fait connaitre la géopolitique au Cameroun. Pour moi, le Cameroun est encore à découvrir. C’est équilibrant de partager cette double nationalité. C’était d’ailleurs la vision qu’avait Paul Ango Ela de l’intégration ».

 

Gilles Thibaut, Ambassadeur de France au Cameroun

« Elle a su dépasser les épreuves pour être un exemple »

Cette décoration renvoie à la capacité qu’ont nos citoyens, nos concitoyens, de donner le meilleur d’eux-mêmes pour les autres. Pour une relation aussi, ici en l’occurrence la relation franco-camerounaise. Ça montre la capacité de quelqu’un qui au départ, enseignant au Lycée Fustel, de devenir par le travail, par l’engagement, un élu de la nation. Puisqu’elle a été sénatrice. Et les actions qu’elle a conduites tout au long de sa carrière, ont amené la France à la récompenser en lui décernant les insignes de chevalier de la légion d’honneur. Les critères, c’est d’abord d’être une personnalité exemplaire, d’être un modèle et d’avoir acquis des mérites extraordinaires au service de la collectivité dans tous les domaines, qu’on soit civile ou militaire, qu’on soit un homme ou une femme. Comme nous tous, nous sommes citoyens du monde, ceux qui veulent nous faire croire le contraire se trompent. Et l’exemple de Kalliopi Ango Ela montre que le métissage donne des résultats formidables. Tous savent les épreuves qu’elle a traversées pour être ce qu’elle est aujourd’hui. Elle a su les dépasser pour être un exemple pour tous, pour honorer de la plus belle manière, feu son époux, pour faire la fierté de ses enfants, de ses amis et de tous ceux qui ont croisé son chemin à différents moments »