Les ministres en charge du Commerce et des finances des deux zones de libre-échange sont réunis à Yaoundé en vue d’harmoniser leurs textes.  En ligne de mire, un marché de plus de 160 millions de consommateurs à conquérir.

 

L’espace économique de l’Afrique centrale est caractérisée par la cohabitation de deux institutions d’intégration que sont la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Lesquelles poursuivent un même objectif, à savoir la création d’un marché commun en Afrique centrale. Sauf que chacune des institutions a ses programmes, ses politiques et ses instruments d’intégration et toutes deux travaillant séparément à l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires sur les échanges entre Etats. Cette situation induit des effets néfastes tels la juxtaposition et la duplication des programmes, l’atomisation du marché régional. Une évaluation objective de cette situation permet de constater l’inefficacité de ce système d’intégration à générer des solutions pouvant contribuer durablement au développement de la région. Pire, les experts constatent pour le déplorer qu’en dépit de multiples initiatives de décloisonnement du marché régional, celui-ci reste peu performant ; les échanges intracommunautaires qui y sont enregistrés ne dépassant guère 3% du commerce total des Etas membres.

Fort de ce diagnostic, il apparait que l’Afrique centrale est la région la moins intégrée en matière commerciale. C’est dans ce contexte qu’intervient l’atelier d’harmonisation des instruments des zones de libre-échange de la Ceeac et de la Cemac du 7 au 9 décembre 2016 à Yaoundé, organisé par le Comité de pilotage de la rationalisation des communautés économiques  régionales en Afrique centrale (Copil/Cer-Ac). Louis-Paul Motaze, ministre camerounais en charge de l’Economie, en sa qualité de président du Copil/Cer-Ac  souligne que « l’urgence est l’action pour lever les obstacles à l’intégration régionale et dynamiser les échanges au sein de l’espace économique de l’Afrique centrale ». C’est l’un des objectifs poursuivi par l’atelier. Mais il s’agira aussi spécifiquement d’examiner, d’enrichir et de procéder à la validation technique des textes relatifs aux instruments harmonisés ayant déjà fait l’objet d’une élaboration. Notamment des instruments et textes d’uniformisation qui ont élaborés et renvoyés lors du dernier Conseil des ministres en charge du Commerce et des Finances de la Ceeac au Copil/Cer-Ac pour validation ; le formulaire uniformisé du dossier de demande d’agrément au tarif préférentiel de la Ceeac (Tp/Ceeac) –Tarif préférentiel généralisé de la Cemac (Tpg/Cemac) ; d’arrêter les modalités d’usage du certificat d’origine et du certificat de circulation au regard des débats doctrinaux qui se sont levés lors du troisième Copil/cer-Ac tenu à Yaoundé en 2015 ; répertorier l’ensemble des textes et projets de textes d’harmonisation des deux Zones de libre-échange déjà validés ou en cours de validation.

Vaste marché

Notons que l’atelier de Yaoundé fait suite aux recommandations de la troisième réunion du Comité de pilotage de la rationalisation des Communautés économiques régionales en Afrique centrale tenue en avril 2015 à Yaoundé. Et du Conseil des ministres (Commerce et Finances) de la Ceeac tenu à Kinshasa en mai 2016, invitant le Comité de pilotage à procéder à l’harmonisation des instruments des zones de libre-échange de la Ceeac et de la Cemac dans le but de doter l’Afrique centrale d’une zone de libre-échange harmonisée et de l’arrimer à l’agenda de l’Union africaine qui prévoit en 2017, la mise en place de la zone de libre-échange continentale. Ainsi, Louis-Paul Motaze, président du Copil/Cer-Ac appuie que la mise en place de ladite zone de libre-échange harmonisée répond à « l’impérieuse nécessité de créer en Afrique centrale, un vaste marché de plus de 160 millions de consommateurs et de faire d’elles, un espace économique attractif et compétitif ».

Achille KAMGA (Le Messager)