Plus d’une semaine après l’expiration du délai, le 12 septembre 2016 accordé aux entreprises productrices de whiskies en sachets, le produit continu d’être fabriqué et commercialisé au Cameroun.  Le gouvernement au banc des accusés.

C’est en effet depuis le 12 septembre 2016 qu’est arrivé à expiration, le sursis accordé aux entreprises spécialisées, pour migrer de la production du whisky en sachets et en bidons vers le conditionnement de ces produits en bouteilles de verre et en Pet (Polyéthilène Dur). Malgré ce délai qui est arrivé à expiration depuis plus d’une semaine, la denrée querellée continue d’être illégalement fabriquée, commercialisée et consommée sur l’ensemble du territoire camerounais. Manifestement, les pouvoirs publics qui pourtant multiplient des concertations, est dépassé par les événements. Ou plutôt cède à la pression des opérateurs de ce secteur qui tirent d’énormes dividendes de la production et la commercialisation de ce whisky en sachets et en bidons. Mardi le 20 septembre 2016, le ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique, Ernest Gbwaoubou a réuni les promoteurs d’entreprises productrices des whiskies conditionnés en sachets et en bidons, autour des ministres de la Santé publique et du Commerce, pour une séance de travail sur le sujet. Cette rencontre qui faisait suite à la réunion interministérielle tenue e 13 septembre 2016 dernier, avait pour objet de plancher sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour sortir de cette impasse.

 

A l’observation, à l’issue de cette séance de travail, on est resté dans l’incertitude et le doute. A en croire Ernest Gbwabouou, les conclusions issues du débat avec les responsables d’entreprises concernées, ont été transmis aux services du premier Ministre. Lequel devra les examiner avant de rendre public et officiel le communiqué sur la conduite à tenir. « Nous n’avons pas qualité pour vous dire exactement ce qui a été décidé entre les opérateurs et le gouvernement », confesse tout impuissant, le ministre des Mines. Ce qui a eu le mérite d’irriter viscéralement les défenseurs des droits des consommateurs qui se meurent à petit feu en consommant ces produits. Non convié à la table des négociations, le premier consommateur, Delor Magellan Kamseu Kamgaing a du user de stratagèmes pour se faire accepter à cette concertation à l’issue de laquelle il a réitéré la position des consommateurs. « Nous ne voulons pas voir augmenter une seul heure sur le fameux et fumeux délai qui a été accordé à ces gens. Parce que quand une norme est élaborée et qu’elle est rendue d’application  obligatoire, l’arrêté prend effet à compter de la date de signature. Donc on ne devrait plus accorder un délai à ces gens qui continuent de fabriquer du poison. Trop c’est trop », s’indigne le président de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc).

« Complicité d’empoisonnement »

Nous sommes donc plongés aujourd’hui dans une confusion totale. Et en attendant, le produit continu de bien se porter sur le marché. Même si la Lcc entend « mener des actions radicales » pour empêcher à ces industriels de continuer d’inonder le marché avec les whiskies en sachets.   « Nous ne voulons pas de prorogation de la prorogation.  Nous avons dénoncé la première illégalité. Maintenant en dénonçant celle-ci, ce sera avec des actions radicales qu’on mènera pour amener le gouvernement à comprendre que notre silence n’était pas de la complicité », annonce Delor Magellan Kamseu Kamgaing. Lui qui affirme haut et fort que le gouvernement est « complice de cet empoisonnement. Car, vous ne pouvez pas produire du poison et que le gouvernement tolère. C’est pour cela que nous avons refusé d’être complices ». En attendant, conseille-t-il aux consommateurs qui ne connaissent pas encore les méfaits du whisky en sachets que « la mort se trouve dans ce produit. Quand vous prenez ce sachet, vous ne mourrez pas directement, mais à petit feu. Un whisky en sachet est l’équivalent d’un casier de bière, donc il faut l’éviter ».

Achille KAMGA