Renforcement de la flotte, régularisation des salaires, apurement de la dette, restauration de la confiance… le nouveau Directeur général de la compagnie aérienne nationale va perdre le sommeil dans les prochaines semaines.
Passée l’euphorie de sa nomination au poste de Directeur général de la Cameroon airlines corporation (Camair-co), Ernest Dikoum doit maintenant affronter la réalité. Une réalité des plus difficiles et des plus compromettantes due à l’état de santé chancelant de la compagnie aérienne nationale. Dès les minutes qui ont suivis son installations le 22 aout 2016 par le ministre des Transports du Cameroun, Edgard Alain Mebe Ngo’o, Ernest Dikoum a à peu près eu conscience des défis qui l’attendent. Et ce, lorsque le patron des Transports, tutelle technique, lui a mis la puce à l’oreille en qualifiant le contexte de sa désignation au poste de Dg de la compagnie, en ces termes « un moment particulièrement délicat de la vie de la compagnie nationale qui est en proie à des difficultés multiformes sur le plan de son exploitation ».
Redonner confiance
Le premier défi qui interpelle le nouveau Dg, et c’est lui-même le premier à le dire, c’est de redonner confiance au personnel. Vu de l’étranger où il prêtait ses services à la compagnie aérienne Emirates, il a certainement eu vent du malaise social dont souffrent les employés de la Camair-co depuis plusieurs moins. Entre mouvements d’humeur, menace de grève, abandon de postes, service minimum, l’attitude du personnel de la compagnie a sérieusement entamé la bonne marche de l’entreprise. Ceux-ci revendiquaient avec raison la régularisation de leurs salaires qu’ils ne percevaient plus depuis un bon moment. Les pilotes en étaient même arrivés à cumuler trois mois d’arriérés de salaires. Tout ce qui fait dire au nouveau commandant de bord en chef, qu’« il faut d’abord essayer de mettre le personnel en confiance. C’est à partir d’eux que nous pouvons obtenir des résultats. Je pense que si tout le monde travaille ensemble comme le ministre l’a dit, je pense qu’il y aura des résultats ». Ernest Dikoum sait de quoi il parle.
Ressusciter la flotte
Au-delà du personnel, d’autres problèmes se posent avec acuité à la Camair-co, sur le plan de son fonctionnement. Sachant l’aéronef reste la turbine principale sans laquelle aucune compagnie ne peut fonctionner, il y a urgence à renforcer la flotte de la Camair-co. Jusqu’ici, l’entreprise ne compte que 5 aéronefs dont le ministre des Transports a, au cours d’une récente sortie médiatique, qualifiés de « notoirement insuffisantes aux plans qualitatifs et qualitatifs ». Il s’agit d’un Boeing 777 appelé le Dja, propriété de la Camir-co, de deux Boeing 737-700 loués et de deux MA 60n, propriété de Camair-co. Pour l’acquisition de nouveaux avions, Ernest Dikoum devra être à la hauteur des attentes du constructeur américain Boeing. Lequel a évoqué dans son fameux rapport de redressement de la Camair-co, validé par le chef de l’Etat le 26 juillet 2016 dernier, une proposition de flotte à acquérir sur cinq ans devant comporter à l’échéance 2020, 14 avions.
Boeing a également proposé un réseau devant permettre des taux de remplissage convenables des avions comprenant 27 destinations dont 9 domestiques, 13 régionales et 5 intercontinentales (Paris en France, Bruxelles en Belgique, Washington Dc aux Etats-Unis, Dubaï aux Emirats Arabes Unis et Wongzhu en Chine). Concernant les dessertes de la Camir-co, la destination Europe préoccupe particulièrement. Quand on sait que la compagnie nationale a été interdite pendant quelques semaines de desservir le vieux continent, par l’Autorité aéronautique civile du Cameroun, il faut reconquérir ce marché. A ce sujet, le ministre des Transports n’attend pas moins du nouveau Dg qu’il assainisse les rapports du Top management de la Camair-co avec l’Autorité aéronautique. Il s’agit de « tout mettre en œuvre afin que la compagnie nationale se mette en conformité avec les règles de sécurité édictées par l’Autorité aéronautique civile et par l’Organisation de l’aviation civile internationale », dixit Mebe Ngo’o.
Les 60 milliards de tous les espoirs
Par ailleurs, il tient lieu de rappeler que Camair-co ploie sous le coût d’une dette colossale à hauteur de 35 milliards qui l’asphyxie ces derniers temps. Dans son plan de relance de la compagnie nationale, Boeing avait demandé à l’Etat du Cameroun de restructurer ladite dette. Dans ce cas, le constructeur américain promettait d’investir 60 milliards de Fcfa dans Camair-co pour rééquiper la flotte et construire des hangars. Le tout sur une période de 18 mois. Selon nos informations, le chef de l’Etat aurait déjà entrepris de renflouer les caisses de la compagnie à hauteur de 30 milliards de Fcfa. Mais on n’est pas encore sorti de l’auberge concernant la situation financière de Camair-co. Car, trois semaines après l’approbation du plan de redressement de la Camair-co, c’est le statut quo. Peut-être avec la nomination de nouveaux responsables dans le top management de l’entreprise, on assistera dans les prochains jours à quelques mouvements allant dans le sens du redécollage de la compagnie étoile du Cameroun. Serrez vos ceintures…
Achille KAMGA
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