En raison d’une balance commerciale déficitaire, il y a urgence à miser sur la production locale et à réduire les importations

 

Une session du Comité technique national de la balance des paiements s’est tenue à Yaoundé le 22 février 2019. Il était question de présenter les résultats de l’année 2017, ainsi que ceux des deux premiers trimestres et les estimations de l’année 2018. On a appris au cours des travaux qu’en 2017, le déficit courant s’est réduit à 540,8 milliards Fcfa (soit 2,6% du Pib), après 613 milliards en 2016 (soit 3,2% du Pib). Le Comité renseigne que cette évolution a été induite principalement par la baisse des dépenses d’importations. Sur le plan sectoriel, l’agriculture, l’exploitation forestière, l’exploitation pétrolière, les transports et les activités financières ont permis de gagner des devises. L’industrie demeure déficitaire en raison de sa faible compétitivité. Cependant, pour ce qui est des échanges avec les partenaires extérieurs, il faut dire que le Cameroun reste excédentaire avec la Cemac et l’Union européenne, mais déficitaire avec le Nigéria, la Chine, la France et les Etats-Unis.

Quant aux estimations pour la fin 2018, elles tablent sur une aggravation du déficit courant, qui se situerait à 729,5 milliards Fcfa (soit 3,4% du Pib). Ce déficit, explique la Cellule de Balance des paiements au ministère des Finances, est principalement imputable à l’aggravation du déficit de la balance commerciale, justifiant les instructions du Gouvernement de chercher les solutions appropriées pour parvenir à la réduction des importations. En effet, selon les statistiques douanières, déjà bien en dessous des importations qui ont enregistré une forte hausse de 11%, les exportations n’ont augmenté que de 4% en 2018, par rapport à 2017. Et s’agissant des exportations, on note les évolutions suivantes par produits : pétrole brut (+16%), bois et ouvrages en bois (+4%), coton brut (+23%), carburants, lubrifiants (-18%), caoutchouc brut (-24%), aluminium brut (-10%), banane (-6%), les cafés (-21%). Le cacao, lui, se stabilise après la forte baisse de 28% enregistrée en 2017, consécutivement aux perturbations dans la région du Sud-ouest, principal bassin de production.

Production locale

En ce qui concerne l’augmentation des importations, elle est principalement portée par des accroissements des achats des carburants et lubrifiants (+88%), des poissons de mer congelés (+35%), des cokes de bitume (+137%), des ouvrages en fonte, fer et acier (+16%), de l’oxyde d’aluminium (+93%), de produits des industries chimiques (+17%). Par contre, on enregistre une baisse des importations de riz de 22%. « Comme nous l’avons fait constater, le déficit 2017 s’est réduit par rapport à 2016. Mais il s’aggrave en 2018 du fait de l’augmentation des importations. Le Premier ministre a instruit de mettre l’accent sur la production locale et les exportations de nos biens pour réduire le déficit », rappelle Yves Martin Djoufack, le chef de la Cellule de Balance des paiements au ministère des Finances.

Par ailleurs, la conclusion jugée satisfaisante des revues du Programme économique et financier conclu avec le Fonds monétaire international, s’est traduite par des décaissements des appuis budgétaires par les partenaires économiques et financiers. Ainsi que par le renforcement de la confiance des opérateurs économiques, qui ont amélioré le rapatriement des recettes d’exportation. Le stock des avoirs extérieurs nets à la banque centrale est passé ainsi à 1 255,2 milliards Fcfa à fin novembre 2018, en hausse de 7,1% par rapport à fin novembre 2017.

Achille KAMGA (Le Messager)