Le continent reste confronté à des chocs extérieurs conjugués à des facteurs internes qui plombent la croissance dans les pays qui la composent. Le dernier rapport sur les perspectives économiques présente néanmoins quelques signes d’embellie pour les mois à venir.
Le rapport Perspectives économiques en Afrique 2017, a été produit par des équipes la Banque africaine de développement, de l’Organisation de coopération et de développement économiques et le Programme des Nations Unies pour le développement. Globalement, on y apprend que la croissance économique de l’Afrique a continué de fléchir en 2016, « en grande partie plombée par le repli des cours des produits de base, lequel a particulièrement pénalisé les pays exportateurs de matières premières ». Les pays africains non exportateurs de matières premières ont en revanche dans leur majorité, conservé une croissance positive. Selon le rapport, les perspectives du continent pour la période 2017-2018 restent positives, et les estimations tablant sur un redressement des cours des produits de base et de la demande intérieure.
Il faut noter que la demande intérieure conserve certes un rôle moteur dans la croissance du continent, mais le maintien de cette résilience sur la période 2017-2018 passe par une meilleure gestion macroéconomique, une diversification accrue et un environnement des affaires optimisé. Les experts s’accordent sur le fait que les pays qui se sont dotés de politiques budgétaire, monétaire et de change mieux coordonnées et plus cohérentes ont de solides capacités de résilience aux chocs. Les pays perçus comme des destinations sûres pour les investissements (du fait entre autres de cette cohérence des politiques) sont les mieux outillés pour résister à des déséquilibres extérieurs importants sur une période de turbulences plus longue, indépendamment de leurs fondamentaux sur le plan de la gouvernance macroéconomique
Ainsi, peut-on assurer que les économies qui se diversifient gagnent en performance sur le plan régional. En moyenne, la croissance a décéléré en Afrique. Mais les écarts de performance d’un pays et d’une région à l’autre sont considérables, du fait entre autres de la structure dichotomique des économies africaines. Les pays non dépendants du pétrole se distinguent notamment par des taux de croissance obstinément positifs. En Afrique de l’Est, Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie ont tous connu des taux de croissance du Pib supérieurs à 6 % en 2016, l’Éthiopie affichant même un solide 8 %. Dans toutes les régions néanmoins, la croissance est moins alerte qu’avant.
L’Afrique centrale à la traine
Le rapport Perspectives économiques en Afrique2017, révèle que l’Afrique de l’Est conserve sa première place régionale. Elle maintient ainsi sa domination, avec une croissance estimée à 5,3 % en 2016, en recul par rapport à 2015 (6,5 %). L’Afrique du Nord se place en deuxième position, à 3,0 %, dopée par la reprise en Égypte (4,3 %) et en Algérie (3.5 %). Mais des incertitudes politiques persistantes et la baisse de la production de pétrole en Libye continuent de freiner la croissance de cette région. L’Afrique australe se classe troisième, avec une croissance de 1,1 %, contre 1,9 % en 2015 tandis que l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest sont à la traîne, avec un taux de croissance de respectivement 0,8 % et 0,4 %. L’Afrique centrale est pénalisée par la contreperformance de la Guinée équatoriale (croissance estimée à -8,2 % en 2016 pour -8,3 % en 2015), de la Rdc (en recul à 2,5 % en 2016 contre 6,9 % en 2015) et du Tchad (estimée à -3,4 % en 2016, contre 1,8 % en 2015). Selon la Beac, le taux de croissance de la sous-région Afrique centrale est nul en 2017.
Redressement
Les prévisions de croissance pour le continent africain tablent sur un rebond modéré en 2017 et 2018, à respectivement 3,4 % et 4,3 %, contre 2,2 % en 2016. Les facteurs intérieurs restent les principaux moteurs de cette embellie, mais la hausse attendue des prix des matières premières fournira un amortisseur plus que bienvenu pour combler les déficits budgétaires et stimuler la croissance. Les cours de la plupart des produits de base ont entamé leur redressement en 2016 et devraient conserver une trajectoire haussière en 2017 et 2018. Ainsi, les prix du pétrole ont commencé à remonter début 2016 et pourraient atteindre 55 dollars le baril en 2017, contre 43 dollars en 2016. Cette évolution s’explique par les réductions de production dans certains pays producteurs membres et non membres de l’Opep au premier trimestre 2017. En décembre 2016, l’Opep et les autres pays producteurs ont décidé, séparément, de réduire la production de pratiquement 1,8 million de barils par jour sur les six premiers mois de l’année 2017.
Dans le sillage de ces accords, les cours de pétrole ont bondi de 10 % à la fin du quatrième trimestre 2016, pour atteindre en moyenne 49,1 dollars le baril. Depuis janvier 2017, les prix s’orientent au-dessus de 53 dollars le baril et ont atteint 55,99 dollars en mars 2017. « Une appréciation de la situation économique actuelle de l’Afrique, des attentes et du climat général, réalisée auprès des participants africains à l’enquête économique mondiale de l’institut Ifo, laisse entrevoir un scénario optimiste pour l’avenir », note le rapport.
Synthèse d’Achille KAMGA
(Le Messager)
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