Hier président de la fédération malgache de football à la tête de laquelle il était à son troisième mandat, le nouvel homme fort de l’empire football africain est certes un inconnu dans la sphère footballistique du continent, mais un stratège qui a réussi à détrôner un Caïd.  

                                                                Le président élu porté en triomphe par son clan

A 54 ans, celui qui se présentait comme « le candidat du changement » à la veille des élections, a intégré le Comité exécutif de la Caf lors de la tumultueuse Ag de Marrakech de 2013, l'année même où Hayatou a fait démonstration de sa puissance  avec la manière par laquelle il a « remis à leur place », ceux qui osaient lui contester son leadership à la tête de la Confédération. La mésaventure qu'avait connu, à l'époque, certains membres de la Caf notamment l'ancien président de la Fédération ivoirienne de football Jacques Anouna, aurait dû servir de leçon à l'ancien ministre malgache des sports qui est également passé à la tête du département de la pêche de son pays. Sauf que cette année-là, il a également connu son heure de gloire puisqu'il a, contre toute attente, été élu au Comité exécutif de la Caf en battant à plate couture le sud-africain Danny Jordan, une autre figure emblématique de la confédération. Il représentait alors la zone sud et en septembre dernier, c'est sur le fil du rasoir qu'il a échoué à se faire élire au poste de représentant de la Caf au sein du conseil de la Fifa.

La victoire de l’anti-système Hayatou… 

C'est fort de cette montée en puissance qu'il a cru à sa bonne étoile et si beaucoup doutait encore de la sincérité de ses ambitions, l'actuel sénateur a réussi à montrer qu’il se pose en chef de file du clan « anti-système Hayatou » pour finalement être chef à la place du chef. Avant les élections, on lui riait au nez parce que sur le papier, Ahmad Ahmad était un ultra-outsider face à l'inamovible Issa Hayatou qui continuait à bénéficier du soutien de la presque majorité des fédérations membres de la Caf. Le malgache a su s’appuyer sur le soutien de la Cosafa, qui regroupe les 14 fédérations de la zone australe du continent pour envoyer paître le patriarche Hayatou.

La victoire de l’Afrique

Le président sud-africain Jacob Zuma, a en effet dernièrement annoncé le soutien de  son pays à Issa Hayatou et au Nigéria, où Ahmad Ahmad était dernièrement en campagne, les membres de la fédération se sont désolidarisés du soutien apporté par leur président au malgache.  Ce qui n'a pas pour autant refroidi les ambitions de ce dernier, lequel continuait à sillonner le continent  pour défendre son projet en misant notamment sur les « petites fédérations » ainsi que les déçus ou les exclus du système Hayatou. Et au bout du compte, la tactique a fonctionné. Mieux, sa feuille de route a de quoi séduire puisqu'il entend réformer le système de la Caf notamment pour ce qui est de sa gestion financière, pour plus de transparence mais aussi une redistribution plus conséquente des fonds de la Confédération au profit des fédérations afin d'investir davantage dans les infrastructures. « Sous l'émotion. Je remercie tous ceux qui ont cru au changement. Nous l'avons fait. Cette victoire c'est la nôtre, celle de l’Afrique », a tweeté le nouveau boss du foot africain. Lui qui incarne désormais le changement.

C.T.