L’économiste jette un regard sur le climat des affaires au Cameroun et croit savoir que la Conférence économique internationale qui s’ouvre aujourd’hui, s’inscrit dans la logique de celles qui ont souvent été organisées.

Le Cameroun est-il un pays attractif ou non ?

Il faut d’abord noter que l’attractivité est une notion composite. C’est comme une note à un examen. Et une note à un examen c’est la moyenne des notes venant de plusieurs disciplines. En matière d’attractivité, certains éléments au Cameroun sont positifs, d’autres sont négatifs.

Concrètement, quels sont les points positifs et quels en sont les négatifs ?

Dans le sens positifs, les éléments qui permettent ce que nous appelons le rendement financier,  c’est-à-dire que lorsque qu’un opérateur économique est installé au Cameroun, compte tenu du fait que le pays est encore en friche, le pays est n’a encore rien fait en réalité, est encore sous-développé, il y a donc des opportunités partout. Ce sont des éléments très importants qui font que le Cameroun a une énorme marge de manœuvre à ce niveau. Maintenant, les éléments négatifs, c’est essentiellement le déficit de la balance courante. C’est-à-dire que le pays dépense plus de devises qu’il n’en  travaille. C’est un élément mortel pour l’attractivité. Quelque soit les avantages que vous avez, si vous avez un déficit courant, une balance commerciale permanent déficitaire, alors vous n’attirez personne. Au contraire, cela joue un effet repoussoir sur les investissements.

 

Le Cameroun a perdu récemment des points dans plusieurs classements en terme d’attractivité. Peut-on dire a vu de cela que le climat des affaires n’est pas propice aux investissements ?

Il ne faut pas toujours écouter ces choses. Il faut écouter les économistes nationaux. Si ont découvre un gisement de pétrole aujourd’hui, croyez-vous que les multinationales ne vont pas venir ? Pour le problème de climat des affaires, ils ont eux même des moyens de sécurité, ils ont une action sur le chef de l’Etat, sur le pouvoir. Ils n’ont pas besoin de votre climat des affaires. Ces choses là alimentent le débat, mais ce n’est pas cela le fond du problème. Le climat des affaires, est-il mieux qu’il  y a 30 ou 40 ans ? Non ! Le système avant pouvait dégager des devises. Prenons le cas de la Guinée équatoriale. Avant le pétrole, les gens allaient-ils en Guinée équatoriale ?  Non. Mais dès lors que le pétrole est venu, tout le monde est parti. Donc tous ces éléments là qui conditionnent l’attractivité. Le reste c’est l’administration, c’est marginal, ce n’est pas très important.

Quel impact peut avoir la conférence économique internationale de Yaoundé sur l’attractivité du Cameroun?

Je suis très étonné de l’importance que vous donnez à cette conférence. Ce n’est qu’une action de relation publique qui s’inscrit dans une longue série d’opération et d’actions et de promotion du pays. Le Cameroun a crée une vision d’émergence à l’horizon 2035. Dans la vision on a créé des mécanismes de financement. Dans ce mécanisme de financement, il y a la mobilisation de l’épargne nationale, le recours à la diaspora, et il y a les investissements directs étrangers. Dans le cadre des investissements directs étrangers, le chef de l’Etat lui-même est parti en Turquie pour aller chercher des investisseurs. Le Premier ministre est lui allé en Chine, etc. Donc la conférence de Yaoundé se situe dans ce sillage là. Il n’y a rien d’extraordinaire dans ça. C’est simplement l’une des opérations qui relèvent des opérations de promotion. Exactement comme celle qu’on a connue auparavant.

Propos recueillis par

Achille KAMGA