A un peu plus d'un mois de la compétition qui se dispute en France du 7 juin au 7 juillet, le sélectionneur du Onze national féminin a rendu publique samedi dernier, une liste de 26 joueuses devant prendre part à l'ultime stage préparatoire prévu au Cameroun et en Espagne. Décryptage !

 

 

C’est peut être la prudence ou la peur de se séparer aussi brusquement d’un bien précieux héritage qui a guidé les choix d’Alain Djeumfa. On l’attendait avec une liste de joueuses conquérantes, outrageusement engagées, ayant l’esprit de gagne mais surtout fraîches et déterminées. Et le sélectionneur a cru sage de préserver le patrimoine d’Enow Ngachu, de conserver cette ossature qu’il a vu évoluer depuis plus d’une dizaine d’années du temps où il n’était alors que préparateur physique de cette sélection. La liste des 26 joueuses qu’il a dévoilé samedi dernier, trahit sa volonté d’avancer et de disputer ce Mondial féminin 2019 avec le même noyau dur dont il maîtrise mieux que quiconque les secrets et les recettes. Face au pari de l’audace, la volonté du changement et du rajeunissement des troupes, le technicien a misé sur la « force de l’expérience ». Quitte à essuyer les critiques les plus acerbes de la part de ses collègues qui estiment qu’aller à une Coupe du monde avec une équipe aussi « vieillotte », c’est être sûr à 100% de ne ramener le moindre point.

Easther Mahi Kith et de Laura Johnson Estelle

Que retenir donc en termes d'enseignements de cette liste qui continue de faire les gorges chaudes même dans les salles de rédaction sportives ? Première nouveauté, la convocation de trois binationales dont des défenseures Easther Mahi Kith de Montpellier et de Laura Johnson Estelle de Sky Blue (Usa) qui a reçu sa convocation avec beaucoup d'émotions. « Je suis très enthousiaste à l’idée de représenter le Cameroun. J’ai rêvé de ce moment depuis si longtemps. Je suis très chanceuse de faire partie de ce groupe et j’ai hâte de rejoindre cette équipe avec des joueuses très talentueuses pour la préparation de la Coupe du monde », a réagi la nouvelle lionne sur le forum « allez-les Lions ». Les deux Lionnes sont d’ailleurs annoncées ce lundi matin à Yaoundé pour finaliser les modalités administratives au sein des représentations consulaires.

L’autre bonne nouvelle c’est la convocation de Michaela Abam. La puissante et talentueuse milieu de terrain née le 12 juin 1997 à Houston a connu toutes les sélections inférieures des Etats-Unis d’Amérique, notamment les U17 U18, U20 avant de vouloir jouer pour le Cameroun il y a quelques mois. Sans succès pour la Can, les autorités du football camerounais auront donc tout mis en œuvre pour que celle-ci rejoigne la tanière des félines. Finies les tracasseries administratives, l’attaquante d’1 mètre 70 se présente aujourd’hui comme une solution pour secourir la pointe de l’attaque du Cameroun qui n’a pas trouvé jusqu’ici une doublure de poids à ce poste totalement désert à cause de la méforme de Gaëlle Enganamouit très peu satisfaisante dans son jeu depuis la dernière Coupe du monde féminine au Canada en 2015.

Enganamouit broie du noir

Parlant justement de celle qui a été sacrée Ballon d’or africain 2015, sa convocation n’est visiblement pas la bienvenue au regard de son impuissance depuis quatre ans. Entre instabilité dans les clubs, blessures, méformes et difficulté à conserver son poste dans la tanière, « l’enfant des rails » traverse une période des plus sombres de sa carrière. Mais, le sélectionneur croît dur comme fer, qu’elle reste l’un de nos meilleurs atouts à l’équipe nationale sur laquelle il faudra parier. « Gaëlle a eu un petit passage à vide on le sait et son aventure en Espagne n’a pas été de longue durée. Mais il faut savoir que nous étions en communication avec elle en avril. Elle a dû faire un choix : soit elle reste dans son club de Malaga et jouer les dernières minutes de matchs ; soit elle prend sur elle de se séparer du club pour avoir une bonne préparation en vue de la Coupe du monde. Elle a préféré sacrifié les revenus de son club, plutôt que de sacrifier l’équipe nationale. Actuellement, elle est en train de suivre des soins de haute intensité dans un grand Centre mondial, elle est aussi suivie par de grands entraineurs. Gaëlle va nous retrouver en Espagne dans deux semaines », dixit Alain Djeumfa au micro de nos confrères de 237foot.com.

En attendant de voir ce qu’elle ira prouver en France, l’ultime stage de préparation réparti en deux phases avant le kick off de la compétition, est prévue : d’abord au Centre d’excellence de Mbankomo du 7 au 14 mai à l’issue duquel trois joueuses quitteront la tanière ; puis à Madrid-Murcie en Espagne du 15 mai au 6 juin. En rappel, le Cameroun partage la poule E avec la Nouvelle Zélande, les Pays-Bas et le Canada.

C.T.