Ils ont manifestés de 5 à 11h30 dans la Cour de l’hôpital général de Yaoundé avant d’être rejoint et calmé par la direction de l’hôpital au prix de quelques promesses.

Situation inhabituelle dans la matinée du 10 octobre 2016 à l’hôpital général de Yaoundé. Alors que l’accès véhicule est grand ouvert tant pour les véhicules que pour les usagers à pied, à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital, des petits groupes font des commentaires, en plissant quelques fois le front. D’abord à l’extérieur, les « non-concernés » semblent plus courroucés que les patients, déjà en activité de grève à l’intérieur de l’hôpital : « pourquoi d’abord faire des promesses qu’on ne peut pas tenir ? Qu’a dit Mama Fouda dernièrement lors de l’inauguration de l’hôpital gynéco à Douala ? C’est tout à fait normal qu’ils montrent leur colère ! Comment accepter facilement qu’on peut mourir alors qu’on n’a pas manqué d’argent mais plutôt de soins ? » Lance fâché à ses compagnons de conversation, un jeune homme assis sur le balcon de la petite cafèterait, juste en face du portail de l’établissement sanitaire.

Dans l’enceinte de l’hôpital, les discutions sont toutes aussi houleuses… . Par petits groupes, à droite, les uns et les autres s’expliquent. Ils sont de temps à autres interrompus par des journalistes qui souhaitent en savoir un peu plus. Brigitte T est l’une de ces malades. Souffrante d’insuffisance rénale depuis près de 8 ans, elle explique que c’est un calvaire quotidien : « nous souffrons déjà beaucoup, pour ne recevoir que des soins partiels. Nous faisons grève aujourd’hui parce qu’au sein de l’hôpital général, nous sommes 310 patients pour seulement 7 machines. Ce qui implique que, nous passons moins de jours et moins d’heure sous dialyse, ce qui ne nous est pas favorable pour notre santé ». Et de poursuivre que : « tout le matériel de dialyse est défectueux au sein de cet hôpital. Les lits sont devenus vieux et inadéquats, les draps sont sales, en plus de l’insuffisance rénale, nous nous retrouvons souvent à ramener dans nos maisons d’autres maladies attrapés ici, à cause de cette négligence et ce manque de propreté ».

Apaisement

Brigitte T raconte également que le matériel de dialyse est tellement insuffisant qu’il manque même de gants pour les soins et d’alcool, de même que la balance, très importante dans ces cas. La salle d’eau est en panne, et de manière globale, la salle de dialyse est plus que sale. « C’est de ça que nous nous plaignons, nous voulons que le gouvernement se penche sur notre situation, nous voulons les machines et le matériel, nous souhaitons une amélioration de la prise en charge en dialyse », à conclut notre patiente. En plein dans leur mouvement, la soixantaine de malades en grève a été rejoint par la direction de l’hôpital vers 10h30 pour calmer les tensions.

Selon les malades eux-mêmes : « nous avons été rassuré que dans une semaine, tout rentrera dans l’ordre. Le directeur de l’hôpital nous a dit qu’il va prendre en charge personnellement, ceux des malades déjà très mal en point. Il a dit qu’il les enverras pour leurs séances de dialyse à Ebolowa, où ils seront logés et nourrit à ses frais ». Pour ce faire, en vue d’identifier lesdits malades mal en point, certains des manifestants (ceux appartenant au groupe qui sont affectés aux séances de lundi et jeudi) ont été invités à suivre les médecins pour être consulté enfin d’être fixés sur leur état. Les signes les plus évidents dans les cas critiques sont alors l’étouffement, l’extrême fatigue et les pieds qui enflent… .

Difficultés

Pourtant, tout n’a pas été aussi facile plutôt dans la matinée, dès l’entame de la grève. Vers 7h du matin, les grévistes ont été accostés par des civils « certainement des mercenaires montés par l’hôpital pour nous intimider », croit savoir certains d’entre eux. Ces derniers ont donc été menacés par les nouveaux arrivants qui n’ont été dissuadés que par l’arrivée de la police. « Malheureusement pour nous, ce n’est qu’après de longues explications que les policiers ont compris de quoi il était question et ont décidé d’encadrer le mouvement. Ils ont dit qu’ils avaient été appelés pour un cas de braquage au sein de l’hôpital et que nous étions les braqueurs en questions ». À l’hôpital général de Yaoundé, les séances de dialyse se font tous les jours de la semaine, sauf les dimanches. Par petits groupes, les malades passent 3 à 3h30 par jour, 2 fois par semaine. Au lieu de 4h pleines 3 fois par semaines, comme le voudrait la norme.

En cas de pépin, quand ils ne peuvent être pris en charge ou simplement refoulés, ils sont obligés d’aller vers le centre d’hémodialyse d’Ebolowa, « ce qui orchestre des frais supplémentaires, parce que nous faisons le voyage à nos frais », rapporte un malade. Rendus à la direction de l’hôpital pour savoir ce qui pouvait expliquer une telle situation et ce qu’ils préconisaient de faire, aucune réponse ne nous a été donnée. Au sortir de là, plus rien ne laissait entrevoir les traces d’un moindre mouvement d’humeur. Les pancartes des grévistes avaient été dégagées, leurs bancs rangés, et la place balayée.

Source Le Messager