Le jeudi matin 16 juin 2016 dernier, le centre ville de Bandrefam est resté dans un silence de cimetière les quelques personnes rencontrées en chemin présente un visage peu reluisant et peu rassurant, l’heure est grave au village, les plantations sont attaquées et personne ne sait plus où mettre la tête et donner de la voix. Par endroit les habitants de Bandrefam se mobilisent pour trouver des stratégies visant à aller en guerre contre l’ennemi.

                                                                                                       Les populations en colère

 

     Comme un seul homme, les Bandredrefam, hommes, femmes et enfants se sont mis ensemble pour défendre leurs plantations sérieusement dévastées par des bœufs sauvages violant les limites de la zone de pâturage. C’est triste et désolant le spectacle odieux offert par ces animaux en divagation sous les regards complices des éleveurs, plus de vingt plantations ont été ravagées : maïs, arachides, haricot, légumes, manioc et autres sont détruits et les pauvres agriculteurs Bandrefam n’ont plus que leurs yeux pour verser des larmes. C’est vraiment triste et douloureux ce qui se passe à BANDREFAM, les sillons sont piétinés, les traces des sabots sont visibles de même que les excréments qui témoignent du passage des bœufs dans les plantations.

    Ce jeudi matin tous les habitants ont convergé vers les plantations pour exprimer leur ras-le-bol, l’on pouvait à distance entendre des cris et pleurs des hommes et femmes déplorant la situation car, plusieurs d’entre eux vivent de l’agriculture. Dans la nuit, les bœufs ont encore commis des dégâts importants de nature à appauvrir ces planteurs qui servent des fruits de leur récoltes pour satisfaire leurs besoins et se lamentait une veuve ce matin « ce champ est mon capital-intérêt réuni, c’est mon devant-derrière ».

     Les Bandrefam, une centaine envahis et débordés par la colère sont montés au créneau pour mettre définitivement un terme à cette besogne conduisant à la ruine « trop, c’est il faut que ça cesse » déclarent certains manifestants qui ont marché ce matin. La situation prenant une autre tournure, les sinistrés et autres habitants de Bandrefam plus que solidaires, machettes en main et très tendu ont pris la résolution de se rendre à la zone de pâturage pour en découdre une fois pour toute avec ces éleveurs nomades encore appelés « BORORO » qui n’ont pas pitié de ces vingt familles qui voient les produits de leurs efforts s’envoler. Il a fallu l’intervention magistrale de Me FELIX TENKAP, lui aussi sinistré pour calmer les ardeurs, le ton était déjà donné pour une guerre sans merci mais la sagesse et l’intelligence des uns et des autres ont prévalu.

                                                                                                            Réunion de sécurité

 

     Ce jeudi matin les autorités de Bayangam étaient sur le terrain pour faire un autre constat de la situation et évaluer l’ampleur des dégâts. Le sous-préfet de Bayanga, chef de terre à la tête de la commission mise sur pied pour résoudre ce litige agro-pastoral est effectivement descendu sur le site. Les membres de la commission qui ont fait le tour des différentes plantations dévastées, ont échangé avec les sinistrés avant de procéder à leur indentification, votre reporter appelé d’urgence est parti du site plus tôt que prévu.

     Il ressort des investigations menées que ces éleveurs sont pilotés par un chef récalcitrant  vivant à Bafoussam et déterminé à nuire à ces nombreuses, un défi lancé aux Bandrefam dont les habitants sont prêts à répliquer. Il est à noter qu’ à l’allure où vont les choses, BANDREFAM pourrait subir la famine cette année surtout qu’à ce conflit s’ajoute l’absence de la pluie qui entraîne le ralentissement de la progression des plantes, c’est une véritable catastrophe qui traumatise la population de BANDREFAM.

     Les sinistrés qui n’éprouvent aucune haine contre ces nomades, attendent qu’ils soient éloignés des plantations et des domiciles avec leurs troupeaux, que la zone de pâturage soit délimitée avec enclos bien établi  et la plus grande attente est qu’ils soient dédommagés pour le préjudice subi car les pertes sont vraiment énormes et les auteurs de ce coup dur ne sont pas à leur première expérience.

    A BANDREFAM on pleure en lassant des appels à toutes forces vives pour que ce conflit agro-pastoral s’achève définitivement.

Guillaume TCHOUPO SAPHIR