Comme il est de tradition, le début de l’année dans toutes les rédactions est l’occasion idoine pour faire le bilan de l’année écoulée. Un maronier que les lecteurs affectionnent particulièrement. Dans la mesure ou cette séquence permet aux fidèles lecteurs de se replonger dans les faits qui ont marqué significativement l’année qui est rentrée en gare. Dans le domaine des médias, 2018 a été une année particulièrement triste pour la presse ceci à cause du régime de Yaoundé qui a plus que par le passé fait de la répression des journalistes son programme politique.

 

Plusieurs journalistes ont été arrêtés en 2018, et ceux qui ont eu plus de chance ont réussi à s’enfuir hors des frontières nationales. Mimi Mefo, présentatrice vedette du journal pour la chaine de télévision Equinoxe TV basée à Douala avait été arrêtée et écrouée à la prison centrale de New Bell à Douala le 7 novembre 2018. Le régime de Yaoundé reprochait à la journaliste anglophone de publier sur sa page facebook des informations sur la crise anglophone. Michel BIEM TONG, cyberjournaliste promoteur du site web hurinews et défenseur des prisonniers politiques avait été arbitrairement arrêté dans la journée du 23 octobre 2018 et séquestré dans des conditions épouvantables, dans une caserne militaire, au Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ) du Secrétariat d’Etat à la défense (Sed) chargé de la gendarmerie nationale. À côté de lui, nous avons le journaliste Gustave Flaubert KENGNE, directeur de Publication du journal « Orientation Hebdo », qui avait été écroué à la Prison centrale de Bafoussam à la suite d’une ordonnance de mise en détention provisoire du 29 octobre 2018 du juge d’instruction N°1 au tribunal militaire de Bafoussam, le Capitaine-Magistrat Daniel NDONGO ATEBA, agissant sur ordre. Si ces trois confrères sur la pression de toute la corporation ont été libérés, ce n’est pas le cas du journaliste Mancho Bibixy. Arrêté le 8 décembre 2016, l’animateur radio est toujours en détention à la prison centrale de Kodengui à Yaoundé dans des conditions inhumaines et effroyables.

Au cours de l’année 2018, plusieurs journalistes devant le danger permanent ont préféré mettre les voiles.  Le journaliste Daniel Manga se trouve en Angleterre, Eric Raoul Anaba quant à lui s’est réfugié en France alors que son confrère Aya Atem a réussi à fuir pour le Nigeria voisin. Plusieurs aussi journalistes ont disparu des radars et personne n’est en mesure de dire où ils se trouvent en ce moment. C’est le Cas du journaliste TATIEZE DELLA PATRICE qui travaille pour le compte du site internet www.kamerfoot.com. Le pouvoir de Yaoundé le soupçonnerait de s’être refugié dans la partie Anglophone du pays et que de là-bas, il serait chargé de la propagande des Ambazoniens sur les réseaux sociaux. Le 20 septembre 2018, des individus ont fait irruption au domicile familial de TATIEZE DELLA PATRICE à Yaoundé sommant la famille de fournir ipso facto les informations sur sa cachette. Déçus ne n’avoir rien obtenu de la famille de l’homme des médias, ces individus sans foi ni loi ont mis le domicile à sac avant de s’en aller, non sans promettre de revenir.

L’année 2018 a vraiment été une année cauchemardesque pour la presse camerounaise. Quand sera-t-il de 2019 ? On ne perd rien à attendre.

Alain Serge Amougou