Le gouvernement assure que la dette est viable sur un sur un horizon de 20 ans avec un risque de surendettement modéré. Le Fmi parle estime que le pays court un risque surendettement élevé à la même période.

 

Les chiffres sont du Comité national de la dette publique (Cndp) dont les membres se sont réunis mardi 30 aout 2016 à Yaoundé, à l’occasion d’un séminaire-atelier d’appropriation des textes et procédures de l’instance. Ils révèlent qu’au soir du 31 juillet 2016, l’encours de la dette publique directe du Cameroun est estimé à près de 4 440 milliards Fcfa. Environ 25% du Produit intérieur brut (Pib), inférieurs au seuil de convergence sous-régional qui est de 70%. Cependant, les mêmes chiffres précisent qu’en intégrant la dette avalisée par l’Etat à la même période, l’encours de la dette publique et à garantie publique est estimée à 4 754 milliards de Fcfa. Avec plus de 3500 milliards de soldes engagées non décaissées et une dette potentielle de plus de 8000 milliards Fcfa en fin 2020, soit environ 35% du Pib.

Au sujet des perspectives de la viabilité de la dette publique du Cameroun, le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, en sa qualité de président du Cndp, soutient que « Tenant compte de ces niveaux d’endettement, la dette publique du Cameroun demeure viable à l’horizon 2035 avec un risque de surendettement modéré suivant les résultats de l’analyse de viabilité de la dette du Cameroun au 31 décembre 2015 ». Toutefois, souligne le ministre, bien que les seuils d’endettement pourraient atteindre 40% du Pib en 2020,  seuil en dessous de 70% fixé comme critères de convergence en la matière dans la zone Cemac, « la prudence et la vigilance doivent rester de rigueur ». En effet, il faut noter avec le président du Cndp que les risques de non viabilité de la dette sont à craindre, notamment en cas de chocs défavorables sur les recettes d’exportation qui pourraient être insuffisantes pour faire face au règlement du service futur de la dette publique.

Surendettement élevé

Si le gouvernement reste encore dans l’expectative, le Fonds monétaire international (Fmi) est déjà certain sur l’avenir de la situation d’endettement du Cameroun. Là où le Cameroun parle d’un risque de surendettement modéré sur un horizon de 20 ans, les conclusions de l’Institution de Bretton Woods présentent  « un risque de surendettement élevé ». « Comme chaque année, au titre de nos consultations sur l’article 4 de nos statuts, nous faisons une analyse de la viabilité de la dette. A cette occasion, la dernière analyse qui date de l’année dernière, a conclu que le risque de surendettement est passé de modéré à élevé, principalement du fait que, en des ratios que nous regardons, c’est le ratio de l’endettement par rapport aux exportations. Avec le choc des prix sur les exportations pétrolières, le seuil de référence sera dépassé selon les projections et mettre les risques d’endettement à ‘‘élevé’’ », explique Kadima Kalondji, le représentant résident du Fmi au Cameroun.

Discipline budgétaire

Le séminaire-atelier d’appropriation des textes et procédures du Comité national de la dette publique vient donc à point nommé. Car, il visait à sensibiliser les différents acteurs sur le niveau d’endettement du Cameroun ; sensibiliser les différentes administrations sur l’existence du Comité et ses missions ; l’appropriation par les différentes administrations de la procédure d’endettement et de saisine du Cndp ; la bonne connaissance par les différents acteurs de la chaine d’endettement des textes et outils pour une bonne marche du Cndp. Ce séminaire à cet effet, réuni les représentants de tous les maitres d’ouvrage de l’administration publique, les représentants des partenaires financiers et les principaux acteurs intervenants dans la chaîne d’endettement. Le Président du Cndp a indiqué à l’endroit des séminaristes que les risques de non viabilité de la dette du Cameroun « méritent d’être mieux suivis, et il convient de veiller davantage et à la qualité de l’endettement  et à la discipline budgétaire ». En conclusion, les nouveaux emprunts devraient obéir à l’élaboration et la mise en œuvre d’une véritable stratégie d’endettement adaptée aux réalités du terrain et aisément applicable.

Achille KAMGA (Le Messager)