En marge du sommet du G5 à Bamako la semaine dernière, le président de la République française a estimé que les dirigeants de la zone Franc devraient arrêter avec le discours démagogique sur le Cfa.

 

« Si on ne se sent pas heureux dans la zone Franc, on la quitte et aller battre sa monnaie, comme l'ont fait, la Mauritanie et Madagascar. Il faut arrêter les déclarations démagogiques. Faisant du Cfa le bouc émissaire des échecs des politiques économiques ». Voilà la phrase qui suscite un véritable tollé dans les réseaux sociaux et dans les milieux de la finance et de la monnaie depuis le week-end dernier.   C’est que, Emmanuel Macron, président de la France n’est pas allé du dos de la cuillère pour exprimer ce qu’il ressent vis-à-vis de l’attitude de certains dirigeants de la Zone Franc. En effet, présent à Bamako pour le sommet du G5, le numéro un français, a fustigé la position ambigüe des dirigeants de la zone Franc qui voient en cette monnaie la source des malheurs économiques des pays qui la constituent. Macron dit précisément à ce sujet que ces Etats doivent battre leur monnaie. A l’exemple de la Mauritanie et Madagascar. Une position qui a le mérite, du moins théoriquement, d’être claire et dénuée elle-même de toute démagogie.

Il apparait évident que le discours de Macron sur le franc Cfa devient de plus en plus dur. Sans doute exaspéré par l’attitude adoptée par les dirigeants de la zone (Afrique de l’Ouest et Afrique centrale). On se souvient qu’avant son élection en mai dernier,  Emmanuel Macron soutenait que le franc Cfa a toujours un avenir. Mais, le leader du parti « La République en marche » qui a triomphé de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française sous la bannière du mouvement « En marche », indiquait qu'il appartient aux africains de décider de son maintien ou pas. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, à la veille du premier tour de la présidentielle, sur l’avenir du Cfa, Macron disait précisément que « C'est un choix qui appartient d'abord aux africains eux-mêmes. Je note qu'en général, les gouvernements africains restent, avec raison, attachés aux deux espaces monétaires (Afrique centrale et Afrique de l'Ouest) qui constituent la zone du franc Cfa et qui contribuent à la stabilité économique et à l'intégration régionale ».

Le Cfa veut ou pas

C’est là toute la difficulté. Celle des dirigeants de la zone Cfa à prendre leurs responsabilités. Les 8 et 9 avril 2016, les ministres des finances, les gouverneurs des banques centrales et les présidents des institutions régionales de la Zone Franc se sont réunis à Yaoundé autour du ministre des finances de la République française, Michel Sapin. Le sujet sur l’avenir du franc Cfa, s’était invité à la table des débats. Le gouverneur de la Banque de France a été péremptoire dans ses propos. « La question de la parité du Franc Cfa ne se pose pas. Bien plus, la dévaluation de 1994 a été un succès. Mais la question ne se pose pas aujourd’hui », tranchait François Villeroy de Galhau, laissant pantois les responsables des finances de la zone Franc. On n’est pas sorti de l’auberge.

Achille KAMGA (Le Messager)